La BCE est prise au piège entre risque de crise financière et inflation élevée

La crise économique provoquée par la pandémie mondiale a poussé la BCE à accentuer ses interventions de rachats massifs d’obligations publiques et de soutien aux banques. Ceci a multiplié par trois le bilan de la BCE. Cette politique « non conventionnelle » s'est avérée être une mauvaise politique, et a dû être interrompue en urgence en 2022. Depuis, le bilan de la banque centrale européenne diminue un peu, mais ceci fragilise les marchés financiers. Cette politique d’assainissement financier risque donc de ne pas pouvoir durer, et les marchés financiers risquent de nouveau de prendre la monnaie en otage.

publié le 27/04/2023 Par Olivier Berruyer
La BCE est prise au piège entre risque de crise financière et inflation élevée

Après une dizaine d’années de stabilité, l'année 2007 marque les premiers soubresauts du gonflement de l’actif du bilan de la BCE, lors du début de la crise des subprimes. C’est là que l’institution commence à intervenir pour soutenir le système bancaire. Elle met alors en œuvre des mesures dites « non-conventionnelles », c’est-à-dire des mesures « inhabituelles » – et même totalement contraires aux principes classiques d’une bonne gestion financière.

Son but était d'empêcher l’écroulement d’un système bancaire vérolé par une spéculation à outrance, et qui risquait de cesser de financer l’économie. Elle fournit ainsi 350 Md€ aux banques commerciales de la zone euro fin 2007, en échange de titres qu’elle prend en pension.

Comme la crise persistait, les procédures d’exception se sont alors multipliées :

- en 2010, lancement du programme SMP (Securities Market Program) qui consiste à racheter de la dette des États de la zone euro faisant face à la défiance des investisseurs. La BCE ne l’avait jamais fait, certains jugeant cette action contraire à l’esprit des traités européens. En deux ans, elle accumule ainsi 200 Md€ d’obligations souveraines d’États de l’Union européenne ;

- en 2011, elle permet aux banques de lui emprunter des montants illimités pour une durée de trois ans, contre trois mois en temps normal ; 1 000 Md€ sont ainsi empruntés.

On observe ainsi qu’entre 2007 et 2012, le bilan de la BCE fait plus que doubler, passant de 1 500 Md€ à plus de 3 000 Md€. Et ce n’était qu’un début.

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