Travailleurs saisonniers : la réforme de l'assurance chômage aggrave la pénurie

Selon certains, il suffirait de traverser la rue pour trouver un emploi. Le drame ne serait pas tant le chômage que les emplois non pourvus, la manifestation d’une « fainéantise nationale ». Marronnier dans la presse, la crise du travail saisonnier, principalement dans l’agriculture et l’hôtellerie-restauration, enfonce le clou d’un discours culpabilisant piloté par le grand patronat.

publié le 16/08/2023 Par Marion Messina

En 2008, Nicolas Sarkozy affirmait que c’était « 500 000 offres d’emploi qui [n’étaient] pas satisfaites ». En 2015, François Rebsamen, alors ministre du Travail, faisait état de « 400 000 emplois non pourvus ». Et Valérie Pécresse, en 2021, avançait le chiffre le plus important avec « 1 000 000 d’emplois qui ne sont pas pourvus dans le secteur privé ». Mais de quel chapeau sont tirés tous ces chiffres impressionnants ?

Une fois de plus, les estimations reposent soit sur un comptage à l’emporte-pièce, soit sur une pure invention. Il importe de comprendre qu’un « emploi non pourvu » n’a pas de sens en tant que tel. Un emploi est « non pourvu » par rapport à un moment donné. La question est de déterminer quelle durée est jugée acceptable pour qu’un emploi trouve son candidat idéal.

Les estimations comprises entre 300 000 et 800 000 « emplois non pourvus » démontrent qu’il y a moins d’emplois non pourvus que de chômeurs : la première chose à pointer serait donc qu’il n’y a pas assez de travail pour tout le monde. Un simple fait qui n’a rien à voir avec la petite rengaine culpabilisante. Si l’on se penche sur l’autre côté de la question – les emplois effectivement pourvus – on constate que tous les ans, près de 21 millions de contrats sont signés dans le secteur privé, hors intérim. Cela revient à dire que les « emplois non pourvus » représentent entre 1 et 3 % des offres d’emploi mises sur le marché qui ne trouvent pas preneur.

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