
En 2008, Nicolas Sarkozy affirmait que c’était « 500 000 offres d’emploi qui [n’étaient] pas satisfaites ». En 2015, François Rebsamen, alors ministre du Travail, faisait état de « 400 000 emplois non pourvus ». Et Valérie Pécresse, en 2021, avançait le chiffre le plus important avec « 1 000 000 d’emplois qui ne sont pas pourvus dans le secteur privé ». Mais de quel chapeau sont tirés tous ces chiffres impressionnants ?
Une fois de plus, les estimations reposent soit sur un comptage à l’emporte-pièce, soit sur une pure invention. Il importe de comprendre qu’un « emploi non pourvu » n’a pas de sens en tant que tel. Un emploi est « non pourvu » par rapport à un moment donné. La question est de déterminer quelle durée est jugée acceptable pour qu’un emploi trouve son candidat idéal.
Les estimations comprises entre 300 000 et 800 000 « emplois non pourvus » démontrent qu’il y a moins d’emplois non pourvus que de chômeurs : la première chose à pointer serait donc qu’il n’y a pas assez de travail pour tout le monde. Un simple fait qui n’a rien à voir avec la petite rengaine culpabilisante. Si l’on se penche sur l’autre côté de la question – les emplois effectivement pourvus – on constate que tous les ans, près de 21 millions de contrats sont signés dans le secteur privé, hors intérim. Cela revient à dire que les « emplois non pourvus » représentent entre 1 et 3 % des offres d’emploi mises sur le marché qui ne trouvent pas preneur.
Actuellement, 45 % des chômeurs reprennent un travail moins bien rémunéré que le précédent – ce qui revient à dire que près de la moitié des personnes sans emploi acceptent de perdre de l’argent pour travailler. De plus, accepter un travail sous-payé et loin de son domicile, encourage le remplacement des emplois stables par les emplois précaires. Les travailleurs dans une situation stable sont progressivement concurrencés par des gens pris à la gorge. Revenir sur les droits des chômeurs permet d’organiser un phénomène de dumping entre personnes « inoccupées » et personnes « en emploi ».
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