Le « boom de l’IA » que nous observons actuellement est désormais de plus en plus porté sur des applications militaires, au point de représenter des sommes colossales et suffisantes pour pousser des mastodontes comme Google ou Microsoft à renier leurs engagements passés. Les outils d’IA sont désormais expérimentés en terrain de guerre dans le cadre de partenariats entre les armées et les plus grandes industries du secteur : avec l’élection de Donald Trump, c’est un virage franc qui se fait au cœur de la Silicon Valley, et qui embrasse désormais un credo conservateur et militariste avec enthousiasme.

publié le 19/02/2025 Par Thomas Le Bonniec

En 2013, Edward Snowden dévoile l’immense architecture de surveillance développée par les États-Unis, aidés de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie, du Canada et du Royaume-Uni. Il apparaît alors que les oligopoles du numérique contribuent activement à cette collecte massive et indiscriminée d’information à l’échelle du monde entier. Le système de surveillance PRISM permettait ainsi d’intercepter des communications et des données issues de Microsoft, Google, Apple, ou encore Facebook, pour ne citer que les plus gros.

Alliés comme adversaires sont concernés. Pourtant, Snowden dira au journaliste James Bamford que l’une de ses « découvertes les plus choquantes […] était que la NSA transmettait régulièrement des communications privées entre Américains à une grande et très discrète organisation militaire israélienne connue sous le nom d’unité 8200 ».

Les services de renseignement israéliens obtiendraient ainsi des informations sur les Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, par exemple sur « leurs orientations sexuelles, leurs infidélités, leurs problèmes d’argent » à des fins de chantage, les poussant à « devenir des collaborateurs ou à semer la division ». Lorsque James Bamford publie cette information dans le New York Times en septembre 2014, il intitule son article : « Le scandale israélien de la NSA ».

Une machine de guerre intangible

Dix ans plus tard, Bamford se remémore cette affaire lorsqu’il raconte, pour The Nation, « Comment le renseignement et les entreprises américaines nourrissent la machine à tuer d’Israël à Gaza ». Car non seulement ce partenariat s’est poursuivi, mais il sert désormais à alimenter les systèmes d’intelligence artificielle employés depuis le début du génocide à Gaza (1).

Lisez la suite et soutenez un média indépendant sans publicité

S’abonner
Accès illimité au site à partir de 1€
Des analyses graphiques pour prendre du recul sur les grands sujets de l’actualité
Des chroniques et des interviews de personnalités publiques trop peu entendues
Des synthèses d’ouvrages dans notre bibliothèque d’autodéfense intellectuelle
Et bien plus encore....

Déjà abonné ? Connectez-vous