Le XIXe siècle a été celui de la ruée vers l’or, le XXIe sera-t-il celui de la ruée vers la cybercriminalité ? Les spams et autres malwares seraient-ils à même d’engendrer une quelconque ruée ? L’idée est d’autant plus saugrenue que ces activités sont dûment réprimées. Mais le sont-elles vraiment ? Aux confins frontaliers de la Chine et de la Thaïlande, des villes champignons ont jailli en quelques années. À l’image de la ruée vers l’or, ces agglomérations sans foi ni loi prospèrent sur les filons inépuisables de l’arnaque en ligne. Dupés par les promesses de bons salaires, des centaines de milliers d’individus, chinois pour la plupart, y sont aujourd’hui piégés. Séquestrés dans de véritables usines à fraude, ils enchaînent les heures à nouer des relations virtuelles afin de gagner la confiance de futures victimes. Des quotas de production leur sont imposés, les malheureux ne les atteignant pas sont, au mieux brimés, au pire torturés, violés, voire éliminés pour l’exemple. La Chine ne pouvait demeurer sans réagir.

Bip ! Plus d’une vingtaine de messages s’affichent sur mon fil WhatsApp. Bizarre, me voilà invité dans un chat en ligne peuplé d’inconnus. On n’y discute de tout, de rien, on y plaisante entre connaissances. Un intervenant recentre la conversation sur le sujet principal, la finance. Des opportunités d’investissements, de placements lucratifs, chiffres à l’appui, sont évoquées. Ouf, nous sommes donc entre gens sérieux. Un participant signale une nouvelle plateforme en cryptomonnaies intéressante, un autre s’interroge : « Peut-on en savoir plus ? ».
Il ne s’agit là que d’une énième tentative d’hameçonnage, une sorte de « bonneteau 2.0 ». Des intervenants factices à la plateforme d’investissement, tout y est absolument frauduleux. Si, pour son malheur, un quidam engage la conversation, il sera immédiatement pris en charge. La victime en devenir sera travaillée au corps puis, une fois la confiance établie, elle sera incitée à réaliser des placements via une application téléchargeable. Méfiant tout de même, l’investisseur amateur se contente de sommes modestes.
Aussitôt transféré sur le site véreux, l’argent de la victime est redirigé vers divers comptes en cryptomonnaies intraçables. La proie, elle, ne se doute de rien. Au contraire, elle commence à engranger des gains virtuels. Son nouvel ami l’abreuve de conseils judicieux. Les gains augmentent ; elle augmente donc sa mise, mais dès que l’investisseur naïf essaye de récupérer ses fonds, il est informé qu’il doit régler des droits, des taxes… Là, il réalise qu’il s’est fait escroquer dans les grandes largeurs. Trop tard. Ces professionnels de l’arnaque n’en ont pas pour autant fini avec lui, la proie sera contactée par un spécialiste de recouvrement de fonds. Tout n’est pas perdu, mais il faut agir vite, il y aura des frais… payables d’avance.
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