ACCÈS LIBRE Favorides lecteurs Graphe 15/05/2023 LA CHINE CONTINUE DE SE DÉBARRASSER DE SA DETTE AMÉRICAINE La hausse de la dette publique américaine a été absorbée par la Fed. La Chine se débarrasse... Par Olivier Berruyer
ACCÈS LIBRE Article 13/05/2023 EXTENSION DU CAPITALISME, LA GLOBALISATION N’EST NI NATURELLE NI IRRÉVERSIBLE Par Laurent Ottavi
Graphe 11/05/2023 L’INQUIÉTANTE CHUTE DES RÉSERVES DE CHANGE DES BANQUES CENTRALES Par Olivier Berruyer
Graphe 04/05/2023 CAC40 : UN RECORD EN BOURSE HISTORIQUE, PORTÉ PAR LA GUERRE EN UKRAINE Par Olivier Berruyer
« La politique de ruissellement est complètement stupide. » Alain Boublil Par Olivier Berruyer 05/06/2022 Économie 05/06/2022 Partagez A+ A- La croissance n'est plus pertinente pour analyser l'économie des pays développés. Elle dissimule l'enrichissement des patrimoines et la nécessité d'une réforme fiscale. Dans cet entretien exclusif réalisé par Olivier Berruyer le 28 février 2013, Alain Boublil, ancien conseiller de François Mitterrand, dénonce les dérives de la doctrine libérale et ouvre des pistes pour lutter contre la hausse des inégalités. Alain Boublil (1947-) est un ancien haut fonctionnaire français. Militant socialiste, il devient, en 1981, conseiller de François Mitterrand à l’Élysée jusqu’en 1988 lorsqu’il est nommé Directeur de cabinet puis conseiller de Pierre Bérégovoy au ministère des Finances – poste qu’il quitte en 1991. Olivier Berruyer : M. Boublil, quel regard portez-vous sur la crise actuelle ? Alain Boublil : La crise a évidemment un lien avec le développement important du secteur financier, en France et dans le monde. Depuis vingt ans, nous assistons à un enrichissement phénoménal des pays développés lié à leur épargne. L’existence d’une masse de capitaux absolument considérable est à l’origine du gonflement des marchés financiers. Les pays développés ne connaissent plus vraiment de croissance des revenus, mais sont tous concernés par la croissance des patrimoines. L’indicateur de croissance n’est donc plus pertinent pour analyser la réussite des politiques économiques des pays développés. Quand vous analysez une entreprise, vous analysez son compte d’exploitation et son bilan. On n’analyse jamais le bilan de la France. On n’analyse que son compte d’exploitation, le compte emploi-ressource. Cela ne veut pas dire grand-chose sur l’état du pays. Les pays de l’OCDE sont arrivés à des niveaux de développement tels qu’ils n’ont plus autant besoin de croître. En revanche, ces pays accumulent des actifs. Une des erreurs de l’économie, de la macroéconomie, est de considérer que Wall Street a une vie à part et n’a pas d’incidence sur Main Street. C’est faux et c’est pour cette raison qu’on a pas vu venir la crise. Tout le monde s'extasiait jusqu’en 2007 devant le taux de croissance des États-Unis, de l’Angleterre, de l’Irlande et de l’Espagne. Il ne signifiait rien. La production était réalisée, mais elle n’était pas payée, car elle avait pour contrepartie l’endettement des ménages. Maintenant, ils sont obligés de rembourser leur croissance. En somme, vous êtes en désaccord avec les économistes en ce qui concerne la mesure de la croissance, la mesure de la qualité du crédit ? Ils raisonnent comme dans les années 1960. On dit que la Chine a le plus faible taux de croissance depuis quinze ans. Ils ont fait 8 % en 1995 et leur PNB était de 800 milliards de dollars. Aujourd’hui, ils sont certes à 7,8 %, mais ils ont 4 000 milliards de dollars de PNB. Ces gens n’ont donc pas un raisonnement très convaincant. Ce genre de discours est rare chez les socialistes où l’on trouve une véritable religion de la croissance, où l’on persiste à croire que la croissance va remonter... La croissance ne devrait pas être le seul facteur à prendre en compte quand on mesure les performances et les perspectives d’une économie. Ce qui compte aussi, c’est la répartition de la richesse et des revenus. Au stade d’enrichissement dans lequel nous sommes, si les riches deviennent de plus en plus riches, ils ne consommeront pas davantage pour autant, et ne créeront pas de demande additionnelle. « Dès que vous êtes confronté à une explosion et une internationalisation des pratiques financières sans aucun contrôle, vous aboutissez à une crise. » Si en revanche, vous agissez sur la répartition par la fiscalité, si votre stratégie réduit les inégalités en modifiant les prélèvements, vous aurez un effet stimulant sur la croissance. Pour avoir une croissance saine, il faut réduire les inégalités de revenus et de patrimoines. La croissance de la production n’est pas, en outre, une condition suffisante de la réussite, comme le montrent les exemples des États-Unis, de l’Angleterre, de l’Espagne et de l’Irlande. Tant que vous n’avez pas intégré la question des patrimoines, vous manquez une bonne partie du problème. Les États-Unis ont connu une très forte hausse des inégalités. Ils sont revenus au niveau des années 1920... C’est essentiel, en effet. Mais peu de personnes font le lien entre ce phénomène et la crise des subprimes qui en est la conséquence. Vous compensez par de la dette ce que vous ne donnez pas par le travail. Il y a eu de nombreuses crises aux États-Unis ou en Suède, mais elles ne sont pas devenues mondiales. La crise est devenue mondiale du fait de la titrisation, du rôle des agences de notation et des mauvais aspects de la libéralisation et de l’omniprésence du marché. Dès que vous êtes confronté à une explosion et une internationalisation des pratiques financières sans aucun contrôle, vous aboutissez à une crise. En France, depuis quarante ans, il n’y a pas un budget à l’équilibre. Ne peut-on pas incriminer le court-termisme dans la gestion ? Non, au contraire. Je ne suis pas un procureur de la dette, ou un accusateur de la dette. Quand vous vous achetez une maison, vous vous endettez, quand vous construisez une usine, vous vous endettez. La dette n’est pas systématiquement mauvaise. Ce n’est pas la peine de faire du fétichisme. Aux États-Unis, ce sont les enfants qui se sont endettés pour leurs études universitaires, et leurs parents qui se sont endettés pour leurs écoles. Chez nous, ni les parents ni les enfants ne s’endettent. C’est l’État. Le procès de la dette est donc excessif. « La doctrine libérale consistait à dire : enrichissez les riches, ce sera bon pour tout le monde. Nous avons la preuve accablante que cette politique était complètement stupide. » Comme le taux d’épargne financière des ménages, sauf en 2009 et 2010, a toujours été supérieur au déficit budgétaire, le financement de la dette par des Français était possible. Mais elle a servi aussi, et même un peu trop, à acquérir de la dette étrangère (puisque les dettes se sont internationalisées). Mais, en définitive, ce sont des Français qui se sont prêté de l’argent entre eux, par l’intermédiaire de l’État. Et concernant les marchés financiers ? Nous sommes-nous mis à leur merci, prenant le risque d'une hausse fatale des taux ? Oui, il faut donc être extrêmement prudent. Les cadeaux fiscaux de la décennie 2002-2011 sont à l’origine du niveau excessif de la dette. La doctrine libérale consistait à dire : enrichissez les riches, ce sera bon pour tout le monde. Nous avons la preuve accablante que cette politique était complètement stupide. L'étude d’Emmanuel Saez a montré que les 1 % les plus riches avaient capté 100 % de toute la croissance du PIB entre 2010 et 2012... Oui, et nous ne voulons pas d’un tel modèle. En ce qui nous concerne, je pense qu'un tour de vis fiscal est inévitable du fait des erreurs passées. Mais à terme, il faudra procéder à un rééquilibrage vers le seul vrai gisement, la seule assiette dynamique, les patrimoines. Tant que nous n’aurons pas fait basculer une partie de la fiscalité sur le patrimoine, donc sur la rente, nous serons dans cette situation. Pour une fois, nombre d’économistes sont de mon avis. Quelles mesures préconisez-vous quant à l’équilibre des comptes publics ? J’accoutumerais le pays à une réforme fiscale en ce sens parce qu’il ne faut pas brutaliser les gens. Le financement des retraites est une occasion en or. Statistiquement, un adulte meurt vingt ans après avoir pris sa retraite et c’est l’âge auquel ses enfants vont s’approcher à leur tour de la retraite. Ils auront donc cumulé leurs droits, même réduits, à la retraite, leur propre épargne, et l’héritage de leurs parents. « Il est absurde de demander aux gens de travailler plus longtemps : il n’y a pas assez de travail. » Une bonne manière de rééquilibrer les régimes de retraite est d’accroître la fiscalité sur les patrimoines ou les droits de succession et d’en affecter le produit aux retraites. Il est absurde de demander aux gens de travailler plus longtemps : il n’y a pas assez de travail. De plus, on ne va pas prendre la place des jeunes. Que peut-on faire pour équilibrer les choses – puisque vous n’avez pas l’air d’aimer les solutions du MEDEF ? Je commencerai par promouvoir une fiscalité qui encourage la création de richesse réelle au lieu de privilégier les opérations financières, apanage des grands groupes, grâce à toute une série de niches fiscales et réglementaires. Lorsque vous êtes une entreprise et que vous construisez une usine avec des machines françaises en France, vous travaillez dur et payez un maximum d’impôts. À l’inverse, la même entreprise pourrait s’endetter, acheter une entreprise à l’étranger et la revendre. Non seulement les intérêts de l’acquisition sont déductibles, mais vous ne payez pas d’impôts sur la plus-value. Et si vous la revendez à perte, la perte est déductible. Vous êtes donc devenu un gestionnaire de portefeuilles. L’une des premières mesures serait de remettre une fiscalité encourageant la production, et non pas la gestion d’actifs. Une deuxième piste est évidemment la lutte contre l’optimisation fiscale et la manipulation des prix de transfert en utilisant la notion d’abus de droit. Enfin, je taxerai les comptes fournisseurs, au-delà d’un certain pourcentage du chiffre d’affaires. Les délais de paiement entre grandes, et notamment la distribution, et petites et moyennes entreprises sont tout à fait excessifs. Je doute, effectivement que le MEDEF saute de joie ! Propos recueillis par Olivier Berruyer, le 28 février 2013. Découvrez la suite de cet entretien en cliquant ICI Photo d'ouverture : phanurak rubpol - @Shutterstock Partagez
ACCÈS LIBRE Favorides lecteurs Graphe 15/05/2023 LA CHINE CONTINUE DE SE DÉBARRASSER DE SA DETTE AMÉRICAINE Par Olivier Berruyer
ACCÈS LIBRE Article 13/05/2023 EXTENSION DU CAPITALISME, LA GLOBALISATION N’EST NI NATURELLE NI IRRÉVERSIBLE Par Laurent Ottavi
Graphe 11/05/2023 L’INQUIÉTANTE CHUTE DES RÉSERVES DE CHANGE DES BANQUES CENTRALES Par Olivier Berruyer