« La cupidité ronge la finance et bénéficie aux décideurs » - Hervé de Carmoy

L’éthique et les bonnes mœurs ont-elles leur place au sein du secteur financier ? Pour l'ancien directeur de banque, Hervé de Carmoy, il existait autrefois des règles implicites qui encadraient les pratiques des financiers. De nos jours, ces règles ont disparu pour laisser place à la cupidité.

publié le 13/03/2022 Par Olivier Berruyer
Hervé de Carmoy : « La cupidité ronge la finance et bénéficie aux décideurs. »

Pour accéder à la première partie de l’entretien, cliquez ICI

Hervé de Carmoy (1937 -) est un ancien dirigeant de banque. Il a été, entre autres, Directeur général pour l’Europe de la Chase Manhattan Bank NA (1963-1978), Directeur général à la Midland Bank PLC Londres et Président de Thomas Cook PLC (1978-1988). Il a également été Président de la Section française de la Commission Trilatérale (1989-2004), organisation privée créée en 1973 et regroupant diverses personnalités (hommes d’affaires, hommes politiques, décideurs, etc.).

Olivier Berruyer (Élucid) : En France, nous avons quatre mégabanques dont le bilan varie de cinq à dix fois le budget de l’État. Elles sont ainsi qualifiées de banques « systémiques », comme vingt-neuf autres établissements au total sur la planète. Comment peut-on accepter l’existence d’établissement qui, par leur taille, peuvent faire s’écrouler le système financier mondial ?

Hervé de Carmoy : On ne doit pas les accepter ! On doit les refuser ! Et interdire aux banques de dépasser certains montants n’est pas suffisant. Ce qu’il faut exiger, c’est qu’elles réorientent leurs meilleurs cadres vers le crédit aux PME. Nous nous trouvons peu à peu dans la situation des Américains des années 1930. Nous avons réduit nos coûts, en diminuant le nombre de cadres capables de gérer les comptes de PME. Nous devrions avoir un cadre pour 30 à 50 PME, le ratio est actuellement de 1 pour 200 dans beaucoup de banques.

Par ailleurs, il faut que les banques centrales et les actionnaires acceptent que la rentabilité des banques soit moindre. La valeur des titres de banque ne devrait pas augmenter dans des proportions considérables. Les banques devaient gagner, il y a 60 ans, autant que les entreprises qui épuraient l’eau ou faisaient de l’électricité aux États-Unis, c’est-à-dire 3 % par an. C’est un taux de rendement bancaire honorable.

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