Pour l'ancien Directeur général de la Bourse de Paris, la domination du court-termisme a contaminé aussi bien les marchés que l'actionnariat et l'appareil de décision. Dans cet entretien exclusif réalisé par Olivier Berruyer en 2012, Gérard de la Martinière dénonce les difficultés à critiquer l'économie de marché en France et revient sur la responsabilité de la sacralisation du marché dans l'augmentation de la dette publique française, ainsi que sur l'amateurisme dans la conception de l'Euro.
Vous avez manqué la première partie de l'entretien ? Cliquez ICI pour la découvrir !
Ancien inspecteur des finances, Gérard de la Martinière (1943 -) est une personnalité du monde des affaires. Il a occupé divers postes à responsabilité dans le milieu financier. Il a notamment été Secrétaire général de la Commission des Opérations de Bourse (1984-1986), Directeur général de la SBF-Bourse de Paris (1988-1989) et Président de la Fédération Française des Sociétés d’Assurances (2003-2008).
Olivier Berruyer : Le fonctionnement de marché est aujourd’hui caractérisé par un fort court-termisme. Pourquoi rien n’est-il fait pour récompenser les investissements de long terme ?
Gérard de la Martinière : Tout a été ramené à des horizons de très court terme, par paresse intellectuelle ou du fait des intérêts déterminants de gens qui profitent du court terme. En matière de régulation bancaire, on en a un exemple avec le ratio de liquidité à un an ; en matière d’assurance, avec l’horizon du test de solvabilité des compagnies d’assurance à un an. On en a aussi un exemple avec la préférence absolue des normes comptables pour le mark to market (valorisation à la valeur du jour). Toutes ces régulations ont fait le choix d’ignorer les caractéristiques du business model de l’investisseur de long terme.
Cause et conséquence à la fois : les investisseurs de long terme ont abandonné leurs missions et fonctions et se sont laissés embarquer dans cette voie. L’environnement réglementaire actuel est complètement opposé à l’investissement de long terme. Autrefois, lorsqu’il y avait vraiment un décrochage sévère du marché, cela se passait dans le bureau du directeur du Trésor, qui convoquait les directeurs financiers des grandes compagnies d’assurance et la Caisse des Dépôts. C’était ensuite plus diffus ; il y avait un courant acheteur qui se présentait sur le marché pour saisir l’opportunité que présentait la sous-valorisation instantanée des actifs et stoppait le courant à la baisse.
Lisez la suite et soutenez un média indépendant sans publicité
S’abonnerAccès illimité au site à partir de 1€
Déjà abonné ? Connectez-vous
1 commentaire
Devenez abonné !
Vous souhaitez pouvoir commenter nos articles et échanger avec notre communauté de lecteurs ? Abonnez-vous pour accéder à cette fonctionnalité.
S'abonner