Notre système financier pousse trop facilement au crime, selon l'ancien Président du Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts-Comptables. Dans cet entretien inédit réalisé par Olivier Berruyer en 2012, René Ricol dénonce la rapacité des financiers qui en toute légalité, profitent des excès d'un système pour réaliser des profits considérables. Inquiet quant à notre incapacité à réguler un système dominé par la puissance de l'argent, il reste cependant optimiste quant à la faculté de rebond des Français.
Pour accéder à la première partie de l’entretien, cliquez ICI
René Ricol (1950 -) est une personnalité française du milieu de la finance. Ancien expert-comptable, il a également été Président de la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes (1985-1989), Président du Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts-Comptables (1994-1998) ainsi que Président du board de la Fédération Internationale des Experts-Comptables (2002-2004). Il a également conseillé le président Nicolas Sarkozy au moment de la crise de 2008.
Olivier Berruyer (Élucid) : Vous dites que les dérives de l'industrie financière ont permis l'apparition de produits « fous ». Comment avez-vous tiré la sonnette d’alarme sur ce point ?
René Ricol : En 2002, lorsque j’ai pris la présidence de l’IFAC, j’ai prononcé à Hong-kong un discours dans lequel j’ai expliqué que la crise Enron était une crise du marché financier, que l’audit était concerné, qu’on allait faire des réformes dans 118 pays. J’ai annoncé que lors de la prochaine crise, les agences de notation seraient en première ligne, que les régulateurs seraient mis en cause, et qu’il faudrait bien se poser des questions sur le marché. C’est exactement ce qui s’est produit…
Les marchés refusent toujours la régulation. On est ainsi forcé de faire des ersatz : on s’occupe des banques, mais pas du fonctionnement même du marché, de ses opérations, du contrôle de la masse monétaire. Si les auditeurs avaient fait le dixième de ce qu’ont fait les agences de notations, ils seraient tous radiés. Si un seul actuaire osait en faire le centième, sa profession le rejetterait. Or, les agences notaient des produits financiers en étant payées au pourcentage en fonction du nombre de produits vendus. Tout était organisé pour « pousser au crime ».
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