« Comment fait-on pour que l’avion pollue moins ? À court terme, on fait de l’innovation et on allège le poids des avions, on change la motorisation et on change la nature des carburants. Et c’est très concret : on le fait déjà maintenant ! ». Interviewé par Hugo Travers au mois de septembre dernier, Emmanuel Macron s’est illustré par un discours techno-solutionniste sans ambages, court-circuitant toute remarque du journalisme sur les conclusions, pourtant formelles, de l’ensemble de la communauté scientifique sur le sujet : les innovations technologiques ne suffiront pas à réduire la pollution induite par le secteur aérien, et seule une diminution du trafic permettra d’atteindre les objectifs de décarbonation d’ici 2050.
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Selon les données utilisées par le Shift Project dans son rapport « Pouvoir voler en 2050 », l’aviation civile mondiale représente environ 2,5 % des émissions totales de CO2. Ces émissions sont en nette augmentation (+42 % entre 2005 et 2019), et les perspectives de croissance du trafic aérien laissent entrevoir une hausse continue : dans un rapport de 2011, Airbus misait sur une croissance annuelle de 4 %, ce qui aboutirait à un doublement du trafic mondial en 2030 par rapport à 2010. Par ailleurs, à ces émissions de CO2, il faut ajouter le rejet d’autres gaz à effets de serre qui jouent un rôle dans le réchauffement climatique.
Loin de ralentir, le secteur aérien se développe face à l'inaction politique
En France, le secteur de l’aérien représenterait ainsi 2,8 % des émissions de CO2 du secteur des transports et 0,8 % des émissions totales dans le pays. Ces chiffres peuvent paraître faibles ; le problème, c’est qu’ils ne prennent en compte que les vols internes à la France, comme l’explique le chercheur Aurélien Bigo : ainsi, en y intégrant les trajets internationaux, cette part est multipliée par six, et atteint environ 13,7 % des émissions des transports et 4,4 % des émissions totales. De même, si l’on peut considérer que les émissions émises par un avion et par une voiture pour parcourir 1 kilomètre sont équivalentes, un trajet d’une heure en avion est 13 fois plus émetteur qu’un trajet de cette durée en voiture.
Les signataires de l’accord de Paris se sont engagés à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement planétaire au cours du siècle à +2 °C. Plus concrètement, cet objectif se traduit par une empreinte carbone de chaque individu de 2 tonnes d’équivalent CO2 par an – contre 10 tonnes actuellement, pour l’empreinte moyenne des Français. Or un aller simple pour New York en avion représente déjà plus de 2 tonnes d’équivalent CO2.
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