La justice climatique est la condition de tout. Dans son ouvrage Un plan mondial pour le climat et contre l’extrême pauvreté (Le Bord de L’eau, 2024, accessible gratuitement en PDF), Adrien Fabre, chercheur, docteur en économie, normalien et président de l’association Global Redistribution Advocates, renouvelle un remède avancé depuis longtemps et décrit des solutions complémentaires à lui adosser. Il apporte à son analyse une perspective sociologique, fondée sur des enquêtes d’opinion. Il en ressort le soutien des populations des pays riches à une redistribution internationale vers les pays pauvres. Entretien.
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Laurent Ottavi (Élucid) : Quelle est votre définition de l’écologie et qu’implique-t-elle ?
Adrien Fabre : La définition que je retiens de l'écologie, c'est « l’élaboration d'une société soutenable, c’est-à-dire agréable à vivre de façon pérenne ». L'écologie ne se limite pas à l'environnement, mais doit le prendre en compte étant donnée l'influence réciproque qu'il a sur nos conditions de vie, et que celles-ci ont sur lui. L'écologie nécessite une vision holiste des interdépendances, mais son objectif ne diffère pas d'un objectif de bien-être social tout à fait classique : rendre les gens heureux.
Quiconque se préoccupe du bien-être des humains souhaite mettre fin à la pauvreté. De même, il n'est pas nécessaire d'attacher une valeur intrinsèque à la Nature ou à la biodiversité pour vouloir lutter contre le changement climatique ; il suffit de se soucier du bien-être des humains. Le changement climatique met en péril les conditions de vie de larges catégories de population, non seulement pour les générations futures, mais aussi dès maintenant, en particulier dans les pays tropicaux.
Élucid : Pouvez-vous expliquer plus précisément en quoi les enjeux écologiques et sociaux sont indissociables, en quoi la vulnérabilité à l’un conduit à la vulnérabilité à l’autre et vice-versa ?
Adrien Fabre : Le réchauffement est d’autant plus problématique dans les zones qui sont déjà chaudes – et qui abritent l'essentiel des populations pauvres –, car ces zones sont davantage exposées à la sécheresse, à la baisse des rendements agricoles et à la difficulté à travailler en plein air (ou sans climatisation). Alors que les plus pauvres subissent de plein fouet les effets du changement climatique, ils manquent également de moyens pour y faire face : ils n'ont pas les ressources pour acheter un climatiseur, construire une digue ou migrer dans une zone épargnée. Non seulement la pauvreté accroît la vulnérabilité au changement climatique, mais le changement climatique augmente le risque de pauvreté.
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