S’attaquer à l’eau revient à commettre un attentat contre nous-mêmes. Dans L’eau qu’on assassine (Les liens qui libèrent), le journaliste Fabrice Nicolino, créateur du mouvement « Nous voulons des coquelicots », décrit une situation dramatique, où l’eau du robinet est souillée tout comme l’eau de pluie, et appelle à la révolte. Il met en cause la structuration de la décision publique, sous la coupe des ingénieurs d’État, qui se contentent d'objectifs de dépollution au lieu d’empêcher la pollution de l’eau. Entretien.

Laurent Ottavi (Élucid) : Vous comparez votre livre à une affiche appelant à la mobilisation générale à la veille d’une guerre. Qu’est-ce que cette métaphore dit de la situation actuelle ?
Fabrice Nicolino : Les humains, les autres animaux et les végétaux sont très majoritairement constitués de ce miracle qu’est l’eau. Comme chacun le sait, elle est vitale. 80 % de notre cerveau est constitué d’eau. Sans elle, on peut mourir en 48-72h alors qu’on peut se priver bien plus longtemps de nourriture. Pourtant, la situation est devenue très grave. L’eau a longtemps été une bénédiction même s’il y avait bien sûr des épidémies hydriques et des tas de problèmes par le passé. Elle paie désormais les effets d’une révolution qui a cours depuis un peu moins d’un siècle, celle de la chimie de synthèse, une industrie devenue folle et hors de contrôle.
La chimie de synthèse produit des millions de molécules chimiques de synthèse fabriquées en laboratoire ou dans des établissements spécialisés, destinées à quantité d’usage de tous ordres (cosmétique, plastique, pesticide, PFAS qui sont les derniers venus dans la longue liste des polluants très toxiques). Elle lâche, sans aucun contrôle, des molécules qui se mélangent entre elles (le fameux « effet cocktail ») dans tous les milieux naturels.
S’opère alors une sorte de synergie qu’on connaît très mal, voire pas du tout. L’alliance chimique de ces molécules est du domaine de l’inconnu, donc, et peut-être même de l’inconnaissable ! On ne sait pas ce que ces rencontres de tous ordres font à un milieu naturel, à un sol, à l’air qu’on respire et, en l’occurrence, à l’eau, qu’elle soit de pluie, des nappes phréatiques, des rivières, des fleuves ou que ce soit l’eau dite potable.
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