La pire récolte de blé depuis 40 ans : la mondialisation achève nos agriculteurs

On ignore si c’est un rat des champs, mais c’est un oiseau de mauvais augure. Début août, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, annonçait une annus horribilis pour la récolte nationale de blé en misant sur une baisse de « 25 à 30 % de la récolte » à cause des « conditions climatiques ». Selon ce dernier, « l’exercice » 2024 serait exceptionnel, puisqu’il s’agirait de la plus faible production de blé en France depuis 40 ans.

Arnaud Rousseau a de bonnes raisons d’être inquiet ; il maîtrise son sujet : après un cursus à l’European Business School de Paris, il a entamé sa carrière pré-syndicalisme dans le courtage et le négoce de matières premières agricoles, soit leur mise en vente sur les marchés financiers. Et il s’appuie sur les projections d’un partenaire économique réputé infaillible : Argus Media. Situé à Londres, le cabinet se présente comme le « principal fournisseur indépendant d'informations commerciales sur les marchés mondiaux de l'énergie et des matières premières ». Cet été, dans la presse, les projections économiques d’Argus Media ont largement dépassé, en termes de reprises, les statistiques de l’État.

D’après les dires de M. Rousseau, pour une « ferme de grandes cultures de taille moyenne », soit environ 150 hectares, les pertes s’élèveraient entre 30 000 et 40 000 euros. Qui sont les coupables ? Sans surprise, la météo occupe la place de principal suspect, avec de fortes pluies au cours de l’hiver et du printemps. En France, la majorité des semis en blé tendre sont des blés dits « d’hiver », plus sensibles aux fusarioses, des infections fongiques, en cas d’expositions répétées à la pluie.