Ces derniers mois, le duo franco-allemand considéré comme l’inébranlable pilier de l’Union européenne exhibait de nouveau ses fractures. Tandis que le chancelier allemand Olaf Scholz accompagné d’une importante délégation se rendait en Chine du 14 au 16 avril, Emmanuel Macron, secondé par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, recevait le président Xi Jinping les 6 et 7 mai. Ce chassé-croisé est saisissant. Le premier agissait comme si l’ère des grands contrats germano-chinois battait encore son plein. Le second défendait le cognac français des foudres fiscales chinoises. Au cœur de ces rencontres, un seul véritable sujet : la transition écologique dont l’Atelier du monde entend tirer les plus substantiels profits. L’éolien, le solaire, les batteries au lithium-ion, les véhicules électriques, autant de secteurs clés de ce siècle où une vague de fond chinoise se profile à l’horizon. Si rien n’est fait pour l’endiguer, elle déferlera sur le Vieux Continent. Inquiète, Bruxelles prépare sa « riposte ».

publié le 01/07/2024 Par Jack Thompson

Au premier regard, les relations entre l’Union européenne et la Chine tiennent du « Pot de terre et du pot de fer » de La Fontaine, tant le premier paraît si faible face au second. La réalité est plus nuancée, et surtout d’une complexité machiavélienne. Observons la récente visite d’Olaf Scholz en Chine. C’est un chancelier tout miel qui a pris un soin extrême à ne pas froisser son hôte. « Pour moi, il est important de préciser qu’il est urgent de ne pas fournir d’armes à la Russie. Mais bien entendu, la question du double usage se pose. Il a été possible de soulever ici toutes les questions nécessaires sans que cela puisse prêter à confusion », déclarait le chancelier allemand au cours d’une conférence de presse à Pékin.

Aujourd’hui, l’Atelier du monde est perçu comme une menace économique en Europe, aux États-Unis, au Japon… En cause, les surcapacités chinoises soutenues par les subventions étatiques qui saperaient l’avenir de l’industrie occidentale sinon mondiale, dans les domaines clés de la transition écologique. Sur cette question épineuse, Olaf Scholz assène « la compétition doit être juste ». Une assertion sans grande conviction, le chancelier s’empresse d’évoquer ensuite la crainte du déferlement des véhicules japonais dans les années 1980, qui ne s’est jamais matérialisée.

Une assurance factice : de crainte de représailles chinoises sur les véhicules allemands, Berlin appuie du bout des lèvres l’enquête lancée sur les véhicules électriques chinois par l’UE en septembre 2023. L’enjeu est pourtant crucial. Il s’agit de déterminer si oui ou non, la Chine subventionne ses constructeurs, manipulant ainsi un marché en pleine effervescence. À partir de 2035, les moteurs électriques deviendront la norme en lieu et place des moteurs thermiques en Europe. Or, la Chine entend imposer ses marques, BYD en tête.

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