Si la dissolution du Parlement voulue par le président Emmanuel Macron accélère grandement la recomposition du paysage idéologique et politique de la France, il n’est cependant pas exclu qu’elle se traduise à court terme par un blocage institutionnel pour le moins historique. L'hypothèse de la rupture politique reste possible, mais elle dépendra de la mobilisation des électeurs et de la façon dont ces derniers parviendront (ou pas) à éviter les pièges de la propagande politico-médiatique actuellement à l’œuvre.

publié le 29/06/2024 Par Éric Juillot

Face à une situation désespérée, le camp présidentiel croit pouvoir limiter l’ampleur du revers électoral à venir en activant une nouvelle fois le projet « Peur ». Tandis qu’Emmanuel Macron perd pied au point de se dire convaincu, contre l’univers entier, qu’une majorité absolue est à portée de main pour son parti, ses lieutenants activent tous les réseaux de pouvoir du bloc oligarchique pour orchestrer une campagne politico-médiatique destinée à effrayer l’électorat et provoquer des votes « réflexes » en faveur des candidats macronistes.

Le vide politique macroniste et le retour du projet « Peur »

Journalistes, universitaires, candidats Ensemble et soutiens de la macronie se mobilisent tous azimuts pour terroriser les Français dans une campagne extrêmement courte et inondée d'anathèmes. Il faut faire flèche de tout bois pour convaincre les Français de se détourner « des extrêmes » – le pluriel est une invention de la macronie qui, après avoir réclamé les voix des électeurs LFI pour « faire barrage à l'extrême-droite » n'a désormais aucun scrupule à mettre un signe égal entre cette dernière et le Nouveau Front Populaire. Une stratégie du chaos digne d'un président-pyromane qui, en plus de favoriser l'accession au pouvoir d'un Rassemblement national qu'il avait prétendu combattre, ne lui donnera aucune chance supplémentaire d'obtenir une majorité absolue à l'Assemblée.

Nul doute que dans la dernière ligne droite ou au lendemain du premier tour de l'élection, se multiplieront les imprécations haineuses à l’encontre de ces millions d’électeurs vus comme « ingrats » et « bornés », indécrottablement hostiles à un extrême-centre dont le dogmatisme semble l'empêcher – même dans de telles circonstances – de faire son mea culpa.

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