1 %. REPRENDRE LE POUVOIR FACE À LA TOUTE-PUISSANCE DES RICHES - Vandana Shiva

1 %. Reprendre le pouvoir face à la toute-puissance des riches (2018), essai de Vandana Shiva, est une ode à la justice.

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L’auteur déroule une réflexion scientifique, philosophique, s’appuyant sur la tradition, pour dénoncer l’emprise des puissances de l’argent sur le monde. Elle prône, contre cet état d’injustice, un principe d’interdépendance entre les Hommes, les êtres vivants en général, et l’environnement. Selon Vandana Shiva, notre seul espoir réside dans le respect d’un impératif, partagé par de nombreuses religions, de modération et d’équilibre, seul gage de notre survie.

Ce qu’il faut retenir :

La nature est un tout, autonome, dans lequel l’homme n’est qu’un élément interdépendant de tous les autres êtres vivants, humain ou animal, ainsi que de l’environnement végétal et minéral de la Terre.

À l’inverse, le système conçu par les 1 % les plus riches s’appuie sur l’illusion d’une rupture entre l’homme et la nature, autorisant implicitement l’exploitation à outrance de l’environnement.

Le cadre juridique règlementant le libre-échange ainsi que l’économie de marché favorisent l’accaparement de la richesse et des biens communs de l’humanité (la nature, le génome, la vie…) entre les mains d’entités privées. En supprimant ainsi la diversité et la biodiversité de notre planète, les 1 % détruisent le pluralisme et donc la liberté, c’est-à-dire l’essence de la démocratie.

La lutte écologique est donc indissociable de la lutte pour la démocratie. Elle implique tout d’abord une prise de conscience de l’interdépendance des peuples et de la nature, le rétablissement de l’auto-organisation, l’instauration d’une autosuffisance et, finalement, la résistance passive à l’ordre inique néolibéral des 1 %.

Biographie de l’auteur

Vandana Shiva (1952-), écrivaine et militante indienne, est une des figures majeures de l’écoféminisme et de l’altermondialisme. Titulaire d’un doctorat en philosophie des sciences, elle est particulièrement active dans la lutte contre les OGM. Elle défend, plus largement, l’agropaysannerie et la biodiversité en tant que principes fondateurs d’une société garantissant la liberté des peuples, la paix et l’environnement.

Fer de lance de multiples combats écologiques victorieux (par exemple, le mouvement Chipko), Vandana Shiva crée également la Fondation Navdanya en 1991 pour favoriser le développement de l’agriculture paysanne et biologique et lutter contre les tentatives d’introduction de semences et produits issus d’OGM en Inde.

Avertissement : Ce document est une synthèse de l’ouvrage de référence susvisé, réalisé par les équipes d’Élucid ; il a vocation à retranscrire les grandes idées de cet ouvrage et n’a pas pour finalité de reproduire son contenu. Pour approfondir vos connaissances sur ce sujet, nous vous invitons à acheter l’ouvrage de référence chez votre libraire. La couverture, les images, le titre et autres informations relatives à l’ouvrage de référence susvisé restent la propriété de son éditeur.

Synthèse de l’ouvrage

Avant-propos : C’est ici que ça va se passer

En 2010, 388 milliardaires se partageaient autant de richesses que la moitié la plus pauvre de l’humanité. En 2017, ils n’étaient plus que 8 – signe d’une triste évolution, vers un monde où la puissance économique appartient à un nombre toujours plus réduit d’individus.

Ces quelques privilégiés ont fait de notre économie un modèle « extractif », qui détruit l’organisme grâce auquel il prospère – en l’espèce, la société et l’environnement – afin d’en extraire les bienfaits et produire toujours plus de croissance pour leur propre bénéfice. La « machine-argent », constituée par les mécanismes économiques et monétaires de ce système, entraîne alors une centralisation du pouvoir entre les mains de ces privilégiés, ainsi qu’une uniformisation des domaines mondialisés (cultures, modes de vie, techniques agricoles, sciences, etc.).

En annihilant la diversité de la nature et des cultures, l’empire des 1 % tend à détruire les conditions de notre existence sur Terre. De nombreux scientifiques, à l’instar de Stephen Hawking, ont abouti à la conclusion que l’humanité risque l’extinction, à moins de coloniser une autre planète. La catastrophe n’est cependant pas inéluctable, à condition que l’on abandonne cette logique de colonisateur et que l’on retourne à une conception holistique de la Terre, considérée comme un Tout, un ensemble autosuffisant, une « famille ». En effet, la Terre est vivante et sa vie est constituée par l’interdépendance des éléments qui la composent. Prendre soin de cet équilibre, c’est assurer la survie des êtres qui en dépendent, y compris l’humanité.

Chapitre I. 1 % contre la Terre, une humanité

L’univers doit être compris en tant qu’unité, composée d’éléments minéraux, inertes, et d’êtres vivants – notamment les humains qui se regroupent eux-mêmes en communautés et se caractérisent par leur diversité culturelle, politique ou économique. Tous ces éléments sont interconnectés et interdépendants. Ainsi, en cas de surdéveloppement de certains de ces éléments, le déséquilibre qui en résulterait aurait des conséquences sur tous les autres.

L’ère industrielle et la mondialisation ont provoqué un tel déséquilibre, cela en opérant un véritable écoapartheid entre les Hommes et la nature. La nature est désormais considérée comme inerte, morte, un simple réservoir de matières premières sans lien avec l’Homme, si ce n’est un lien économique. Cependant, l’humanité est directement impactée par les dégâts qu’elle cause aux végétaux et autres organismes vivants, y compris les plus microscopiques. Par exemple, les bactéries présentes dans l’intestin humain, indispensables, sont dégradés par l’ingestion de produits chimiques et de pesticides contenus dans les aliments, créant les conditions favorables au développement de nombreuses maladies (Alzheimer, autisme, maladies neurodégénératives, etc.).

L’écologie désigne étymologiquement la « science de l’habitat » et l’économie, la « gestion » de cet habitat. Cependant, ces deux actions ne sont pas indépendantes. La gestion doit être coordonnée avec la science de l’habitat, pour éviter les déséquilibres. Or, la gestion de l’alimentation et de l’agriculture qui caractérise nos sociétés de consommation, ne prenant pas en compte l’habitat, a un effet contreproductif. En effet, la monoculture de masse, impliquant l’utilisation de produits chimiques et de semences OGM, entraîne un appauvrissement des sols, de l’eau et de la biodiversité, sans pour autant permettre de nourrir l’humanité entière. Par ailleurs, l’agriculture intensive participe à hauteur de 50 % aux émissions de gaz à effets de serre et à hauteur de 75 % aux problèmes écologiques et sanitaires (malnutrition, allergies, cancers, troubles neurologiques…).

Cependant, la minorité la plus riche occulte ces liens d’interdépendances entre l’homme et la nature et, afin de justifier l’exploitation excessive des ressources naturelles, défend l’idée d’une séparation étanche entre la Terre et la société.

Le fractionnement de l’unité formée par la Terre et ses occupants est un processus « contre-nature ». Il s’opère sur trois fronts. Premièrement, l’homme est séparé de la nature au sens environnemental : fragmenté, marchandé et exploité, l’environnement est privatisé par une poignée d’individus, provoquant conséquemment le déplacement forcé des populations, donc leur déracinement (en ce qui concerne, par exemple, les exploitations minières ou pétrolières). Deuxièmement, les hommes sont séparés entre eux par l’édification de frontières factices fondées sur la race, le sexe, la religion, la fortune ou d’autres critères arbitraires. Troisièmement, les individus sont coupés de leur «être intégral », c’est-à-dire de leur nature profonde : l’avidité et la quête du pouvoir à tout prix sont favorisées chez les plus riches, tandis que le reste de la population, les opprimés, subit l’insécurité et est amené à ressentir une haine violente pour autrui. Dans les deux cas, les hommes tendent à perdre leur humanité.

Coupés de la nature, les individus ne voient en elle qu’un contenant vide, à aménager. Par extension, le monde qui les entoure ne représente plus qu’un ensemble de rouages, une machine dont il suffit d’actionner les composantes pour la modifier à loisir. Cette « pensée mécanique » permet de justifier l’exploitation et la destruction, quelles que soient les circonstances.

Chapitre II. La machine-argent de 1 % de la population

Ce « 1 % » de la population désigne la part d’individus possédant autant de richesses que la moitié, voire les trois quarts, de la population mondiale. Plus largement, l’expression renvoie au système mondial, économique, politique et idéologique créé par les riches, pour assurer leur domination sur le monde. Ce système repose sur l’évacuation de l’économie réelle, au profit des instruments de fructification de l’argent. Ainsi, le secteur financier représente à lui seul 15 % du PIB mondial et, en 2008, il a concentré 95 % de la croissance produite.

Dans cette « machine-argent », le travail ne produit plus l’argent ; l’argent produit l’argent. Les écarts de richesse se creusent de manière exponentielle. Par exemple, de 2010 à 2015, la fortune des 62 personnes les plus riches du monde s’est accrue de 542 milliards de dollars, tandis que celle de la moitié la plus pauvre de l’humanité a diminué de 1000 milliards sur la même période.

Les 1 % se concentrent dans les secteurs de la finance, de l’agriculture et l’agroalimentaire, des technologies de l’information et de la biotechnologie.

Si la pensée néolibérale est souvent accusée d’avoir engendré ces maux, la véritable cause des dérives de notre système est, en réalité, la domination colonialiste par les sociétés transcontinentales (STC), qui a donné naissance au néolibéralisme. Progressivement, les 1 % sont parvenus à imposer le cadre juridique assurant leur mainmise sur le monde, en particulier grâce au principe du libre-échange, à la dérèglementation des entreprises ou encore au contrôle de l’information et à la surveillance accrue des citoyens. Les STC ont un fort pouvoir d’influence sur les gouvernements et contribuent ainsi à la destruction des démocraties ainsi qu’à la dégradation du bien-être de la population, victime du chômage, des déplacements forcés, de l’insécurité économique, de l’emprise du secteur privé sur leur alimentation ou leurs soins, etc.

Cette situation fut instituée dans les années 1980, avec la dérèglementation des marchés financiers. Les banques commerciales et d’investissement, ainsi que les agents de change purent alors fusionner pour créer d’immenses « banques universelles ». La mondialisation et la libre circulation des capitaux leur ont alors donné un monopole sur la finance, dont les seules limites sont les taux d’intérêt directeurs des banques centrales.

Quelques sociétés financières se partagent ce monopole. Par exemple, le groupe Vanguard, fondé en 1958 avec 10 000 dollars de capital, gérait à lui seul, en 2016, 3000 milliards d’actifs puis en 2018, 5100 milliards. Très proche du gouvernement américain et spécialisé dans le financement de groupes paramilitaires, il a notamment contribué à financer la déstabilisation de l’Ukraine en 2014. L’emprise de ces sociétés d’investissement (tels que Blackrock, Fidelity ou encore State Street) s’étend aujourd’hui à toute la planète et peut impacter des populations entières.

Chapitre III. La machine technologie de 1 % de la population (de Monsanto à Bill Gates)

Le secteur agrochimique, en empoisonnant les sols, l’eau, l’air, la faune et les hommes, est responsable de l’extinction d’un nombre important d’espèces animales et végétales. En outre, il a un impact significatif sur le réchauffement climatique.

Pour cause, les premières utilisations de ces produits toxiques ont souvent pris place dans des contextes meurtriers – ils étaient loin d’avoir des visées alimentaires.

En effet, dès la Première Guerre mondiale les puissances d’argent se sont rapprochées de la plus grande société du secteur pétrochimique, IG Farben, pour mettre au point des substances hautement mortelles en vue de la guerre. Plus tard, Bayer (qui appartenait au groupe IG Farben) s’allia à l’entreprise Monsanto en créant la société Mobay pour élaborer des explosifs et le Zyklon B (insecticide qui fut utilisé dans les chambres à gaz nazies). Mobay fournit également l’herbicide défoliant dont fut aspergé le sud du Vietnam. Malgré la dissolution d’IG Farben après la guerre, ses entreprises héritières ont survécu jusqu’à aujourd’hui, notamment Bayer et BASF.

À force de fusions et de rachats, 70 % de l’industrie agrochimique se concentrent actuellement dans un cartel de trois multinationales : Syngenta, Bayer et BASF. Ces dernières ne se contentent plus de l’agrochimie, mais étendent leur sphère d’activité aux domaines du matériel, des technologies et des assurances agricoles (grâce à la captation de données sur le climat et le sol).

Dans le domaine du génie génétique, il faut revenir aux années 1930, lorsque la fondation Rockefeller commence à financer des recherches en matière de déterminisme génétique. Les instigateurs de ces recherches suivent une doctrine fondée sur l’idée selon laquelle l’ADN est le site physiologique du contrôle social. Par conséquent, manipuler l’ADN, plus précisément les gènes spécifiques, permettrait de contrôler le vivant en se concentrant sur des caractères précis. C’est ainsi que les chercheurs mirent au point les OGM en les présentant, erronément, comme une invention miracle, pour répondre à un caractère précis.

C’est oublier que le gène fait partie d’un ensemble. Un même gène peut présenter des formes multiples, selon l’environnement, le hasard ou un autre élément entrant en interconnexion ou rétroagissant avec l’organisme. Il est donc impossible de prévoir précisément l’effet de la modification génétique de même que son évolution. Dire le contraire relève de l’imposture.

Ainsi, les semences OGM de Coton Bt de Monsanto, créées pour protéger les cultures contre le vers du coton, conduisirent à une véritable catastrophe. En quelques années, les vers de coton devinrent résistants à la molécule fabriquée par cette plante. Les paysans durent alors s’endetter, alors que les semences OGM étaient déjà particulièrement onéreuses, pour se munir de pesticides encore plus performants et plus chers. En outre, les semences de Coton Bt produisaient une substance insecticide interdite en Inde, car cancérigène : le fameux glyphosate. L’introduction de ces semences OGM eut ainsi un coût humain (suicides de paysans dus à l’endettement massif), sanitaire (augmentation du nombre de cancers) et environnemental significatif.

Les Monsanto Papers ont, par ailleurs, révélé la désinformation massive organisée autour du glyphosate par Monsanto, leur parfaite connaissance du caractère cancérigène de cette substance, mais aussi la collusion de cette entreprise avec les gouvernements.

Alors que ces technologies devaient permettre d’améliorer les résultats agricoles, elles sont devenues une fin en soi pour les 1 %. Autrement dit, elles ont servi d’instrument de contrôle sur les individus. L’agro-industrie et le génie génétique ainsi que leur cadre juridique (normes de calibrage ou politiques de libre-échange) se sont ainsi imposés aux agriculteurs sans qu’il n’y ait jamais eu débat sur leur efficacité en comparaison, par exemple, avec l’agroécologie, dont les rendements sont pourtant significatifs.

Ainsi, les campagnes de communication pour promouvoir les technologies des 1 % sont nombreuses et prennent des formes diverses. Par exemple, les semences OGM de riz doré, dont le développement a été financé par la fondation Bill Gates, ont bénéficié d'une couverture médiatique importante. Les médias ont ainsi offert une légitimité scientifique aux OGM, décrédibilisant par la même occasion les arguments des opposants aux OGM. Cependant, le riz doré, variété d’OGM supposée lutter contre les carences en vitamine A, possède en réalité un apport en vitamine A 400 % moins efficace que de nombreux autres aliments facilement accessibles aux populations concernées.

Outre les OGM, les actes de « biopiraterie » des laboratoires subventionnés par Bill Gates offrent un autre exemple de la monopolisation des biens communs par les 1 %. Les laboratoires en question cartographient le génome des variétés de plantes sélectionnées au fil des ans par les paysans, pour leurs propriétés résilientes au changement climatique (par exemple : résistance à la sécheresse, à la submersion, tolérance à l’eau de mer, etc.). Les laboratoires sélectionnent ensuite la séquence génomique supposément responsable du caractère et déposent le brevet de cette séquence. Cette dernière est présentée comme une invention alors qu’il s’agit du vol et de la privatisation d’un bien commun.

Une dernière évolution inquiétante concernant le génie génétique est le développement du programme CRISPR. Ce procédé, développé depuis 2011, permet de couper ou d’insérer une séquence ADN sur n’importe quel organisme. Cette méthode est source de beaucoup d’espoir pour les généticiens qui restent attachés à l’idée d’une relation linéaire entre gènes et caractère. Cette perspective laisse cependant présager un avenir dystopique pour l’humanité, dès lors que les chercheurs tenteront d’appliquer cette méthode pour modifier les caractères humains (la beauté, la résistance aux maladies ou l’intelligence). En outre, la technique est encore imprécise, puisque des délétions ou des insertions pourraient intervenir de manière aléatoire sur d’autres séquences que celle ciblée, et causer des mutations multiples et imprévues.

Chapitre IV. Comment 1 % de la population subvertit la démocratie (et comment la sauver)

Laisser perdurer la domination des 1 % conduira inévitablement l’humanité à sa perte. Il faut, pour échapper à l’extinction, retourner à une vision unitaire de l’univers, accepter sa diversité et se départir de la pensée mécanique qui impose des frontières artificielles entre les hommes et avec la nature. Au contraire, il est nécessaire de prendre conscience que toutes les choses de la nature sont interdépendantes. L’humanité fait partie d’un tout fonctionnant de manière autosuffisante.

Le système établi par les 1 % repose sur un schéma de colonisation. Il s’approprie les biens communs, entraîne une dépendance des hommes à l’égard d’une économie extractive antiécologique qui divise les peuples et exacerbe la violence. En outre, il tend à supprimer les libertés et la démocratie. Par conséquent, la réaction doit se fonder sur un schéma libérateur, selon les trois principes établis par Gandhi pour s’affranchir d’un pouvoir extérieur colonisateur.

Le premier principe, le « swaraj », est la faculté pour une communauté de s’autoorganiser pour récupérer sa liberté. Étant partie d’un tout, la liberté des hommes dépend de celle de l’environnement et de tout autre élément avec lequel il est interconnecté. Pour que cette liberté existe, il faut que l’homme à travers sa communauté organise son autogouvernement et cesse de se soumettre à un pouvoir imposé de l’extérieur. Pour Gandhi, qui s’inscrivait dans un contexte de lutte pour l’indépendance de l’Inde, il s’agissait de faire reprendre conscience aux individus qu’ils étaient responsables de leur destin. La reconquête de ce pouvoir démocratique passe par une diffusion de l’auto-organisation au sein de toute la société et sur tout le territoire.

La première étape vers cette libération par l’autogouvernement est l’émancipation des modes de pensée de l’asservissement, cette prison invisible isolant les hommes les uns des autres et de la nature. À cette fin, il convient de se réapproprier des représentations et l’imaginaire d’une vraie démocratie. En effet, avant de se traduire en termes institutionnels, la démocratie doit être une démarche de l’esprit et s’exprimer dans les faits. De cette matière, la pratique démocratique se fond progressivement dans la vie quotidienne et les relations sociales.

En se réappropriant la démocratie, l’homme sera en mesure de mettre en place un protectionnisme écologique afin de préserver ses conditions d’existence. Ce type de protectionnisme écologique local passe par un contrôle des pratiques liées à l’exploitation de l’environnement, par un contrôle décisionnel, afin d’avoir un droit de regard sur les usages faits de cette exploitation, et, enfin, par un contrôle économique, afin de préserver l’activité économique locale, ayant la priorité sur les intérêts des multinationales.

Le deuxième principe de libération développé par Gandhi est le « swadeshi », ou l’instauration de l’autosuffisance. Ce principe se réfère à l’établissement d’une économie locale dynamique, dépendant le moins possible de l’extérieur. Il s’agit de se contenter des biens fournis dans un environnement proche. Cela permet d’atteindre ainsi un triple objectif : écologique, social, par la préservation du travail pour tous, et qualitatif, par l’amélioration de la qualité de l’alimentation consommée ou des produits fabriqués. En définitive, le swadeshi améliorerait le bien-être des individus et les nourrirait en préservant la planète du consumérisme déraisonné.

Le dernier principe de Gandhi est le « satyagrapha », c’est-à-dire la désobéissance civile. Il s’agit du refus conscient de coopérer ou de respecter une loi, une institution, un organisme ou une structure qui favoriserait l’injustice, l’exploitation des êtres humains, la suppression des libertés et l’entrave des droits fondamentaux. Respecter de telles politiques, comme les politiques d’asservissement imposées par les 1 %, équivaut à se rendre complice des abus perpétrés, en l’espèce, de la destruction de la planète et de l’humanité.

Le système des 1 % maintient les populations dans une forme de colonisation qui mènera à l’extinction. Or, l’univers est un système autosuffisant qui porte en lui les conditions de l’existence de tous. Gandhi lui-même affirmait qu’« il y [avait] assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l’homme, mais pas assez pour apaiser l’avidité de quelques-uns. » Il devient aujourd’hui indispensable de se libérer de l’illusion que l’intermédiaire de Monsanto, Facebook ou Big Pharma est indispensable pour nourrir la planète, la soigner, la mettre en contact, etc.

Contre ces firmes, les initiatives alternatives, à travers la relocalisation et l’agroécologie, représentent des modèles écologiquement, socialement et économiquement viables pour peu que l’on s’affranchisse de l’économie de marché.

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