600 000 morts : la guerre oubliée du Tigré, conflit le plus meurtrier du siècle

Dans l'indifférence générale, 600.000 personnes ont été tuées, des milliers d'autres blessées, torturées dans le Tigré, en Éthiopie, au cours d’une guerre qui fait rage depuis 2020 et d’une véritable campagne de nettoyage ethnique pire que celle vue au Rwanda. Plus de 6 millions de personnes ont été déplacées. Après deux ans, un accord de paix a été signé, mais la trêve n'a duré que quelques mois. Chronique d'un massacre qui se déroule sous nos yeux.

publié le 26/02/2023 Par Marco Cesario
600 000 morts : la guerre oubliée du Tigré, conflit le plus meurtrier du siècle

Où est l'Union européenne, où sont Borrel et Ursula von der Leyen, où sont les États-Unis, qu'est-il arrivé à l'opinion publique occidentale scandalisée par les horreurs de la guerre ? Il y a une guerre meurtrière, pas du tout médiatisée, qui a déjà fait 600.000 morts. Cette guerre ne se déroule pas en Ukraine, mais en Afrique, ce continent que l'Europe et l'Amérique, après des siècles d'appauvrissement, de profanation et d'exploitation, tentent désespérément de faire oublier. Dès que les victimes de la guerre n'ont pas les yeux bleus, la sphère politico-médiatique se fait remarquer par son silence.

La guerre qui fait rage au Tigré a déjà fait plus d'un demi-million de morts. C’est dans une interview accordée au Financial Times que l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, médiateur de l'Union africaine qui a participé aux négociations de paix, a pour la première fois fait ce constat terrifiant en déclarant à une opinion publique abasourdie que « le nombre de personnes tuées pendant la guerre était d'environ 600.000 ».

À l'appui de cette déclaration, il a rappelé qu'au moment de la signature des négociations, le 2 novembre dernier à Pretoria, le commentaire de certains responsables éthiopiens avait été le suivant : « Nous avons cessé de faire 1.000 morts par jour ». Jusqu'alors, les estimations qui circulaient sur le bilan de la guerre étaient plus vagues et plus basses, autour de quelques dizaines de milliers de morts.

Le 4 novembre 2020, lorsque le Premier ministre éthiopien et prix Nobel de la paix, Abiy Ahmed, a annoncé une frappe militaire sur le territoire contesté du Tigré, il était difficile d'imaginer à quel point cela se révélerait catastrophique. L’embargo de l'État éthiopien a poussé plus de 6 millions de personnes à la famine massive et de jeunes enfants sont morts de malnutrition aiguë. Selon un rapport d’Amnesty International et Human Rights Watch rendu public en avril dernier, depuis novembre 2020, les forces de sécurité régionales amharas et les autorités civiles du Tigré occidental commettent contre les membres de l’ethnie tigréenne des violences généralisées qui s’apparentent à des crimes de guerre et à des crimes contre l’humanité.

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