Bruno Gaccio, en raison de ses origines populaires, est resté très proche de la défense des causes sociales. Il est devenu auteur des Guignols de l'info, émission satirique politique phare des années 1990-2005. Durant une crise chez Canal+ en 2002, son engagement syndical a fortement déplu à certains dirigeants, qui ont voulu, sans l'accord de la société, trouver un moyen de se débarrasser de ce salarié star devenu très gênant...

Article Démocratie
Accès libre
publié le 18/12/2021 Par Olivier Berruyer
Bruno Gaccio : Assassiner un Guignol qui dérange ?
abonnement abonnement
bulb

Abonnement Élucid

À la fin des années 1990, sous l'impulsion de son nouveau PDG Jean-Marie Messier, la Compagnie générale des eaux, spécialisée dans la distribution d’eau et la gestion des déchets, renforce sa diversification dans la communication en devenant actionnaire majoritaire du groupe Canal+. Elle se renomme alors Vivendi Universal pour accompagner ce changement stratégique. Ses activités historiques seront cédées en 2006, formant l'entreprise Véolia.

Début 2002, l'entreprise est chahutée en Bourse en raison des doutes sur la stratégie de son PDG. Les pertes du groupe Canal+ entrainent l'annonce d'un plan social et, en raison de désaccords sur l'avenir de Canal+, Jean-Marie Messier limoge Pierre Lescure de son poste de Président de la chaîne le 16 avril 2002.

Ce que le PDG n'avait pas prévu, c'est que le personnel de la chaîne allait vigoureusement protester contre cette éviction, en étant soutenu par de nombreuses personnalités du cinéma et de la politique. Ils s'emparent de l'antenne, et tiennent une Assemblée générale historique, en direct durant l'émission Nulle part ailleurs.

Un salarié très gênant

Plusieurs centaines de salariés de Canal+ créent ensuite l'Assoc, pour « Défendre l'identité » de la chaîne. L'auteur des Guignols de l'info, Bruno Gaccio, un des meneurs du mouvement social, en devient le porte-parole. Il tient alors des propos très durs contre Messier : « Il achète une télé, il ne sait pas en faire, il achète une équipe de foot, il ne sait pas faire trois jongles, il achète le cinéma français, il ne sait ni écrire ni réaliser ni jouer la comédie. On le croyait bon en finance et on se rend compte aujourd'hui qu'il est nul dans ce domaine aussi... Il est temps qu'il parte ».

Ce mouvement a duré plusieurs semaines, et aboutit à la démission de Jean-Marie Messier le 30 juin 2002, suivi de plusieurs mois de flottements supplémentaires. Xavier Couture remplace alors Pierre Lescure à Canal+, venant de TF1. Son premier jour montre que la crise de confiance était loin d'être finie : les salariés manifestaient, bloquant sa voiture ; Couture a dû traverser le hall sous les huées, accueilli par Bruno Gaccio, qui lui lança devant les caméras : « On ne veut pas de vous, on ne vous aime pas. On n'a rien contre vous, mais on ne veut pas travailler avec vous ».

À ce moment-là, le groupe Vivendi Universal était au bord de la faillite : après une perte de près de 14 milliards d'euros en 2001, il annonce une perte abyssale de 23 milliards d'euros pour 2002, ce qui en fait le record de pertes annuelles pour une entreprise française. L'action dévisse durant toute l'année, les actionnaires perdent des sommes colossales.

La traque commence : espionner Gaccio

La situation finit cependant par se normaliser au cours des mois suivants.

Mais en 2005, une révélation fracassante a été faite par Pierre Martinet, ancien agent du Service action de la DGSE, qu'il a quittée pour travailler au service « Sécurité » de Canal+, qui visait à lutter contre le piratage. Ce service était dirigé par Gilles Kaehlin, ex-policier des renseignements généraux reconverti dans le privé. Le Parisien indique qu' « on l'appelait Terminator, Dark Vador, la Hyène ou encore KKK. Ses anciens collègues policiers parlent aujourd'hui d'un "voyou qui ment tout le temps". » Kaehlin était assisté de Gilbert Borelli, ancien fonctionnaire de police.

Martinet raconte dans un livre, Service Action : Un agent sort de l'ombre (éditions Privé), que ses responsables lui ont demandé d'espionner Bruno Gaccio, bête noire des dirigeants qui se succèdent dans un Canal+ en pleine crise. Il indique que la divulgation de ce « souvenir pitoyable » lui avait « fait du bien », même si ces révélations lui ont valu d’être poursuivi en justice. Il a également indiqué qu’au fil de sa surveillance, Golf – le nom de code de Gaccio dans le service, ce sport étant une de ses passions – lui était devenu « sympathique » et qu’il s'était senti gêné d'« emmerder un mec qui fait rire la France entière, dont moi ». 

Martinet raconte bien l'ambiance à l'époque dans son livre : « Chaque matin, j'allais travailler en me demandant ce qu'ils [NdR. Kaehlin et Borelli] avaient bien pu inventer dans la nuit, qui était dans le collimateur ou qui ils allaient me demander d'espionner. ». La réponse allait vite venir :

  • « [Le sous-chef] a ajouté "On veut des renseignements sur cette personne". Il m'a glissé un papier sous le nez, avec le nom de Bruno Gaccio dessus. [...]
  • — "Qu'est-ce que vous voulez exactement ?
  • — Tout. On veut tout ! [...] On ne prononcera jamais sa véritable identité entre nous. À partir d'aujourd'hui, ce dossier prendra le nom de Golf, c'est clair ?" [...]

J'avais traqué des barbus, maintenant je devais filer un Guignol de la télé. C'était proprement ridicule. Je savais d'emblée que je ne ferais strictement rien contre lui. On n'a pas servi la République pour en arriver là. »

Martinet s'interroge d'ailleurs sur les raisons de cet acharnement :

« Peut-être la nouvelle direction craignait-elle que la rentrée soit chaude et voulait-elle éviter une révolte. Les cours de Bourse du groupe chutaient depuis des mois, et chaque vanne publique de Golf pouvait couter des millions. J'avais assisté sur le petit écran à la réunion des actionnaires de Vivendi-Universal. Au milieu des petits porteurs, Golf s'était levé et avait apostrophé Messier sur le thème : "Avant j'étais riche avec mes actions, aujourd'hui leur valeur a été divisée par quatre ! Vous pouvez nous donner des explications ?" En face sur son estrade, Messier, le sourire crispé, avait failli en avaler son micro. Golf était gênant. Certains devaient même le trouver dangereux. »

Martinet expliquera plus tard que Kaehlin a lancé l'opération « Golf », car il redoutait également « l'idée d'un putsch pour réinstaller Pierre Lescure, mené depuis le Sud, où des dirigeants ont des villas ».

L'espion explique ensuite avoir suivi et photographié Gaccio chez lui, et révèle que le service Sécurité avait piraté sa correspondance électronique privée, apparemment avec l'aide d'un hacker allemand. Le 27 juin, ses deux responsables lui indiquent qu' « il faut entrer chez lui, poser des micros et des caméras. », puis lui donnent « tous les numéros entrants et sortants du portable de Golf [...] soixante-six pages de contacts téléphoniques. », illégalement obtenus auprès d'un contact véreux dans la Police. Ils l'envoient ensuite l'espionner durant ses vacances dans son restaurant dans le Sud.

Au final, il ne trouve « rien de croustillant » contre Gaccio. Les responsables chez Canal+ vont alors passer à la vitesse supérieure.

« Bref, ça devait gamberger à l'étage de la direction. Je les comprenais. La perspective de voir les Guignols gonflés à bloc leur tomber dessus à bras raccourcis le 1er septembre ne les réjouissait pas, mais bien sûr pas au point de supprimer une émission aussi rentable.»

Et en effet, pourquoi supprimer les Guignols, quand il suffit d'en supprimer un seul ?

Piéger par tous les moyens

Martinet est alors très mal à l'aise : « C'était juste nul de se comporter comme ça avec un animateur de télévision juste parce qu'il a une grande gueule. [...] Je me rendais compte chaque jour davantage que ça tournait vraiment Mal. [....] Tout cela m'apparaissait délirant. »

Dès lors, par prudence, il agit volontairement à rebours de toutes les pratiques d'espionnage, laissant de multiples traces derrière lui. « Payant justement tout avec la carte "business" de Canal, [... mettant] les locations à mon nom un peu partout [...], j'étais comme le Petit Poucet en train de semer des cailloux derrière moi. »

Et le délire s'accentua, comme il le raconte :

« Le sous-chef [NdR. Gilbert Borelli], a continué : [...] On va monter d'un cran dans le dossier Golf Pierre [...] Le chef [NdR. Gilles Kaehlin] veut qu'on trouve un moyen d'emmerder Golf. [...] On pourrait le piéger. On peut monter une affaire de drogue, du genre placer de la dope dans son scooter ou ailleurs, ou encore on monte une histoire de cul..." Je l'ai interrompu pour lui demander quelle histoire de cul, vu que notre client avait l'air plutôt à l'aise de ce côté-là. Il a continué : "On trouve une fille, une professionnelle qu'on lui colle entre les pattes. Une fois que Golf l'a sautée, la fille va porter plainte pour viol. Dans tous les cas de figure, on planque au sortir du commissariat, avec des appareils photo" [...] Faudra pas oublier de prévenir la presse [...] Le chef a dit qu'il fallait le discréditer médiatiquement. [...] On prend une décision ce week-end. »

Finalement, Borelli lui téléphona : « "OK pour piéger Golf avec gros moyens." Et il a raccroché avant que j'aie pu répondre quoi que ce soit à cette énorme connerie de plus. »

Cependant, ces projets ne furent pas mis en œuvre. Une des raisons possibles pourrait être expliquée par l'ancien commissaire aux Renseignements généraux Patrick Rougelet dans son livre Les Carnets noirs de la République (Albin Michel), qui traite des carnets de notes d'Yves Bertrand, ancien Directeur des Renseignements généraux de 1992 à 2004, et qui ont été saisis par la Justice :

« Gilles Kaehlin, très proche de Bertrand [... assure] dans Le Point "qu'il n'a jamais travaillé sur Gaccio, mais que, par contre, plusieurs services l'ont fait, dont sans doute les RG. qu'on lui fait porter un chapeau beaucoup trop grand : aux plus hauts sommets de l'État on a voulu se débarrasser de Gaccio.[...] L'accusation est gravissime, et corroborée par les carnets, dans lesquels l'excellent Kaehlin [...] rencontre Yves Bertrand très souvent [afin d'informer son ancien Directeur de sujets sensibles].

Bruno Gaccio apparait dans les carnets début 2002. Philippe Massoni [NdR. Conseiller spécial du Président  Chirac pour les affaires de sécurité] attire l'attention de Bertrand sur ce personnage. Pourquoi le commanditaire de l'Élysée s'intéresse-t-il à un humoriste de Canal+ ? Tout simplement parce que les Chirac sont furieux contre les Guignols, qui multiplient les sketchs sur Bernadette et ses pulsions érotiques envers son sac à main. [...]

Bertrand et Kaehlin s'appuient l'un sur l'autre pour espionner et essayer de piéger l'humoriste. Le tout avec la bénédiction de deux conseillers à l'Élysée, Philippe Massoni et [un conseiller de Bernadette Chirac...] Il semble que Bertrand s'occupe du relationnel, de la mise en musique du "chantier" contre Gaccio. Il va donc prendre contact avec la patronne de la PJ parisienne, Martine Monteil. [Son subordonné, le commissaire Gérard Peuch, patron des Stups à la Préfecture de police racontera plus tard] comment il a refusé de "marcher dans la combine" car toute cette histoire lui paraissait hautement suspecte [...] La sous-direction des Stups de la Préfecture prend quand même un temps en charge le dossier et mets un temps le père des Guignols sur écoutes. Mais les policiers ne trouvent rien et finissent par abandonner les investigations. Il devient hasardeux, dès lors, de passer à la phase deux de l'opération et de placer de la cocaïne sous une selle de scooter.

Le décryptage des "carnets Bertrand" permet de mettre en lumière ce qui ailleurs serait une affaire d'État, mais se limite, chez nous, à être une sinistre pantalonnade vouée à satisfaire les caprices du Château. »

"Carte blanche" pour se débarrasser de Gaccio

La piste des pièges envisagés pour discréditer Gaccio ou l'envoyer en prison ne semblant plus très prometteuse, Gilles Kaehlin fait part de son impatience à Martinet le 15 juillet : « "On en est où ?" Je lui ai répondu qu'on n'en était nulle part. "Je commence à en avoir marre. Ça traîne, ça traîne. Il faut trouver une solution pour qu'il ne soit pas à l'antenne en septembre." »

Martinet demande alors plus de clarté :

  • — « Qu'est-ce que je dois comprendre ? Si vous ne voulez pas qu'il soit là, vous n'avez qu'à le virer.
  • — On ne peut pas le virer. Ça ferait un scandale.
  • — Qu'est-ce que je dois comprendre ?
  • — Il n'est pas là !
  • — Vous voulez qu'il ne soit pas là physiquement ?
  • — Qu'il ne soit pas là ! »

Martinet poursuit son récit :

« Je l'ai regardé et j'ai senti venir l'embrouille à très grande vitesse. À moi de me démerder. Merci les gars. En traversant le parc André-Citroën, j'ai pensé que ça commençait à germer dans leurs petites têtes. Par phrases sibyllines, son second m'avait fait comprendre au téléphone depuis Marseille, où il était en vacances, que ça avançait. À la fin du mois, le 26 juillet, un coup de téléphone est arrivé. C'était encore le sous-chef : "Vous avez carte blanche." »

Un pas de plus vers un assassinat programmé

Dans son livre, Martinet est alors très sibyllin sur la suite des opérations. Il indique simplement qu'il se rend de nouveau dans le sud, où il se « mit au travail » en espionnant de nouveau Gaccio et son environnement. Avant d'expliquer que, écœuré, il démissionna de Canal+ en décembre 2002, Martinet termine son propos sur Gaccio avec un énigmatique :

« Je n'ai pas accumulé autant d'expérience pour déplacer des poubelles afin d'emmerder un mec qui fait rire la France entière - dont moi - avec ses Guignols. Je suis rentré avec des semelles de plomb. Le double jeu commençait à me peser. [...] Cet été-là, Golf a eu un peu chaud, et moi avec. »

La suite de l'histoire allait rendre tout ceci beaucoup plus clair - et sordide.

Suite à la sortie du livre, Bruno Gaccio porte plainte contre X, et la police commence une longue enquête. Elle découvre alors avec stupéfaction la préparation par Martinet d'un dossier « homicide » contre Bruno Gaccio, qui en obtient alors la copie. Il témoigne dans Les invités de la fête de Philippe Dana (éditions Don Quichotte) :

« Martinet fait un dossier comme on apprend à en faire à la DGSE. Avec le jour, l'heure, l'endroit de l'exécution... Il y avait même l'adresse du Castorama où acheter des manches de pioche, car contrairement à une balle, le manche de pioche, ça peut être n'importe qui avec qui j'ai eu un différent, et je suis connu pour être un bagarreur... [Dans le dossier est encore expliquée la procédure pour filtrer les deux tueurs chargés d'exécuter le projet] C'était des Yougos qui devaient faire ça, c'est dans le dossier... Quand tu lis tout ça, ça fait bizarre ! Le donneur d'ordre, j'ai compris qui il était au cours des quatre jours du procès, mais il ne sera jamais inquiété. »

Martinet donne alors plus de précisions :

« Kaehlin m'a dit : "On veut que Gaccio ne soit plus là physiquement à la rentrée. S'il avait un accident... Si on pouvait lui casser la gueule, un truc comme ça, mais il ne faut pas que ça remonte à nous" , raconte encore Pierre Martinet. Gilles Kaehlin lui aurait demandé ce qu'il pouvait faire. Pierre Martinet aurait proposé de monter un "dossier action" : "Je lui ai dit : "Il me faut du temps, de la préparation."" Gilles Kaehlin lui aurait répondu qu'il allait réfléchir, avant de le rappeler le 26 juillet pour lui donner le feu vert.

"Je me suis dit : "Je vais faire le dossier, pour les mettre au pied du mur", reprend l'ancien agent. Mais je n'aurais pas été plus loin. On sait comment ça commence, ces histoires-là, jamais comment ça finit." [...]

Juste avant le 15 août, Pierre Martinet assure avoir rencontré Gilbert Borelli, son chef direct, sur une bretelle d'autoroute entre Marseille et Toulon, pour lui remettre le rapport. "Il était emmerdé, il trouvait que ça allait trop loin, assure aujourd'hui l'ancien agent. Il m'a dit : "Je ne veux pas toucher ce truc." »

Gilles Kaehlin et Gilbert Borelli, qui ont quitté Canal+ en 2005, ont nié les faits, mais au vu des preuves, ils ont été condamnés en 2011 à une peine de prison respectivement d'un an et de quinze mois avec sursis ainsi qu'à 10 000 euros d'amende pour atteinte à la vie privée. Pierre Martinet est condamné à 15 mois de prison avec sursis et 5 000 euros d'amende. Canal+ a été relaxée sur un point de droit. Le projet d'assassinat n'a pas été jugé, dans la mesure où il n'y pas eu de début d'exécution. Le procès a confirmé la véracité de beaucoup de révélations du livre de Martinet, comme la remise à Pierre Martinet, par un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur sur instruction de Gilbert Borelli, de la « fadette » de Bruno Gaccio, recensant tous les appels reçus et émis sur son portable entre mai et juillet 2002.

Le dossier Homicide de Bruno Gaccio

Suite à son interview sur Élucid, Bruno Gaccio a bien voulu nous confier son dossier Homicide, que nous publions pour la première fois :

On y apprend que le but est de « monter une embuscade » quand Gaccio sera seul dans sa voiture, en bloquant la route avec une poubelle renversée, l'obligeant à sortir de sa voiture. Il pourra alors être « traité » par l'équipe.

 

Le « traitement » s'opérera à coups de manches de pioche, après neutralisation par une bombe lacrymogène. 

Il est rappelé à l'équipe des mesures de sécurité élémentaires :

Figure enfin une chronologie détaillée :

Par chance, ce plan n'a finalement pas été mis à exécution.

Le témoignage de Bruno Gaccio

Vous pouvez voir ict le témoignage de Bruno Gaccio dans l'interview qu'il vient d'accorder à Élucid :

Cet article est gratuit grâce aux contributions des abonnés !
Pour nous soutenir et avoir accès à tous les contenus, c'est par ici :

S’abonner
Accès illimité au site à partir de 1€
Des analyses graphiques pour prendre du recul sur les grands sujets de l’actualité
Des chroniques et des interviews de personnalités publiques trop peu entendues
Des synthèses d’ouvrages dans notre bibliothèque d’autodéfense intellectuelle
Et bien plus encore....

Déjà abonné ? Connectez-vous