L’élection de Trump et sa volonté à mettre fin au conflit en Ukraine a fait naître chez différents dirigeants européens la volonté politique de constituer une défense européenne pour ne plus dépendre des États-Unis. Or, après soixante-dix ans de dépendance à l’Oncle Sam, cette volonté politique ne saurait pallier la désindustrialisation qui a eu cours pendant tout ce temps. Alors, une défense européenne ayant les moyens de ses ambitions peut-elle réellement voir le jour, sans dépendre des productions américaines ?

publié le 22/04/2025 Par Jordi Lafon

L’élection de Trump et le règlement de la guerre en Ukraine représentent déjà une rupture historique : la défense de l’Europe a toujours été, depuis le début de la construction européenne, largement dépendante des États-Unis. Cette fois-ci, c’est le Président américain lui-même qui siffle la fin de la partie. Les États européens sont priés d’assurer la défense du continent de manière autonome, et les représentants politiques n’ont plus qu’à en prendre acte.

Seulement, l’industrie européenne accuse un tel retard que cette ambition ne pourra être atteinte avant de nombreuses années. À court terme donc, la relance des budgets militaires des États membres va profiter aux États-Unis. Ainsi, il y a peu de chances que cette rupture historique donne naissance à la fameuse « Europe de la défense », dans le sens d’une Europe entièrement souveraine militairement de la production des armes à leur emploi par une armée unique.

Une dépendance indépassable à court terme

D’autant que la volonté de s’affranchir de la tutelle américaine n’est pas unanimement partagée par les cadres des institutions européennes et certains pays de l’Est européens. À l’image du ministre des Affaires étrangères polonais, fier de rappeler que son pays consacre 5 % de son PIB à son budget de défense, dans une tribune du New York Times en février dernier : « Nous sommes devenus l’un des plus importants clients de l’industrie militaire américaine, avec des dizaines de milliards de dollars de commandes depuis 2022 ».

L’IFRI, dans un rapport explorant les enjeux concernant une base industrielle transatlantique, rappelle que l’Allemagne, depuis l’invasion russe de l’Ukraine, « est passée de la coproduction d'armes avec les États européens pour le faire avec d'autres États, en particulier les États-Unis ».

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