« Les Français sont des fainéants ; ils travaillent moins que leurs voisins » : éditocrates et économistes de cour – jusqu'au Premier ministre François Bayrou plus récemment – ne se lasseront jamais de répandre leur mantra, comme presque toujours émancipés de la réalité – le propre des idéologues. Mais que se cache-t-il sous leur obsession à nous faire travailler toujours plus ?

Avec une assurance propre à la bêtise, les bousiers de la pensée poussent leurs slogans des colonnes de la p(a)resse aux plateaux télévisés, sans jamais soupçonner qu'elle n'a pour toute consistance que celle du préjugé. Mais, émancipés du « terrain », nos champions confondent la psalmodie de convictions sans fondement avec des faits qu'ils ne se donnent pas la peine de vérifier. Pour eux, aucun éveil n'est à espérer.
Un mensonge mille fois répété
Des exemples ? Il suffit de se pencher. Personnification du langage émancipé de la réalité (1) et pantin à travers lequel se manifeste l'idéologie néolibérale, Emmanuel Macron déclarait ainsi en 2021, lors de la présentation de son plan d'investissement « France 2030 » : « Quand on se compare, nous sommes un pays qui travaille moins que les autres […]. Nous avons une quantité de travail allouée qui n'est pas au bon niveau. À la fois dans le cycle de vie et en horaires cumulés ».
Récemment, on pouvait lire dans un article du Point – l'un des organes du parasitât managérial et rentier, propriété du milliardaire François Pinault (huitième fortune française en 2024, selon Challenges) : « Les Français travaillent toujours moins que dans d'autres pays européens. Selon une étude annuelle, les salariés français à temps complet ont travaillé en moyenne 1 673 heures sur l'ensemble de 2023, soit une hausse de 5 heures par rapport à 2022 ».
Mélange d'aplomb bourgeois et de croyance libérale en une objectivité des faits qui dicterait la conduite des affaires publiques, l'affirmation a l'air d'une évidence scientifique. L'article se contente de signaler « une étude annuelle de Rexecode » sans préciser l'orientation néolibérale de ce think-tank obsédé par la « paresse » française (2). (Cela ne manque pas de sel, surtout après la récente publication par ce même journal d'une tribune d'éditocrates pinaillant de concert contre Wikipédia avec des griefs qui méritent de lui être retournés (3). La poutre et la paille, en somme.)
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