Opération de propagande de l'État sur les essais nucléaires en Polynésie

Nouveau démenti de la part des autorités françaises sur les conséquences des essais nucléaires en Polynésie : fin novembre 2022, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) fait distribuer à la population locale, notamment dans les écoles, 5 000 exemplaires d’un court document rappelant la parole officielle de l’État en la matière. Une opération qualifiée de véritable propagande par le média Disclose, dont le journaliste Tomas Statius a signé avec Sébastien Philippe l’ouvrage Toxique en 2021.

publié le 05/02/2023 Par Camille Musikian
Opération de propagande de l'État sur les essais nucléaires en Polynésie

Alimenté par plus de 2000 pages d’archives déclassifiées en 2013 et par une enquête de terrain fournie, ce livre explore « l’héritage contesté de la bombe » dans le Pacifique et révèle les négligences et les mensonges sous-jacents aux 193 essais nucléaires conduits en Polynésie française entre 1966 et 1996.

Négligence coupable

La lecture de Toxique laisse un goût plus qu’amer quant au manque de responsabilité affligeant dont s’est rendu coupable l’État français en menant, trente ans durant, ses essais nucléaires en Polynésie. Sébastien Philippe et Tomas Statius mettent en lumière leurs conséquences aussi graves que nombreuses, tant sur la santé de la population locale et des employés de l’armée que sur l’environnement.

Entre 1966 et 1974, l’armée pratique des tirs atmosphériques, qui entraînent des retombées de poussières radioactives pouvant durer jusqu’à trois semaines. Leurs conséquences sont aggravées en cas de précipitations, notamment parce qu’elles induisent la contamination des citernes utilisées pour collecter l’eau de pluie consommée par les habitants de ces îles. De 1974 à la fin des essais nucléaires, l’armée procède ensuite à des tirs souterrains, dans des puits forés à plusieurs centaines de mètres sous la mer – occasionnant, dans 42 cas au moins, des fuites de gaz radioactifs.

Les archives consultées et les entretiens menés par les auteurs de l’enquête multiplient les preuves attestant de la négligence dans laquelle ont été menés ces essais : équipements de protection ou matériels inadaptés à une utilisation en milieu contaminé ; absence d’abri nucléaire pour la population lors du premier essai aux Gambier, ou d’évacuations préventives lors des suivants ; manque de prudence face aux conditions météorologiques invitant pourtant à ne pas procéder à l’essai, etc.

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