Alors que le passe sanitaire à QR code, le vote électronique, la numérisation de toutes les démarches du quotidien inquiètent les associations de défense des libertés individuelles et collectives, la reconnaissance faciale, corolaire de la vidéosurveillance de masse, gagne du terrain dans les zones rurales.

publié le 19/05/2022 Par Marion Messina
Vidéosurveillance : les caméras continuent d'envahir nos campagnes

On les imaginait dans le métro, embarquées dans le bus, plantées dans le sas de sécurité des agences bancaires ou dans l’entrée des pavillons des particuliers, mais les caméras de vidéosurveillance sont désormais dans les crèches des bambins, au portail des écoles maternelles, au niveau des passages piétons ou encore… dans les rues principales des bourgs de campagne. Au nom de la lutte contre les « incivilités », comme si la surveillance permanente garantissait une sécurité pleine et entière à chacun, les caméras de vidéosurveillance essaiment dans des provinces peu populeuses et en apparence tranquilles.

À Foëcy, dans le Cher, entre Vierzon et Bourges, on dénombre 2000 habitants et cinq caméras de vidéosurveillance. La raison avancée pour l’installation de ces espions qui ne dorment jamais est celle des « incivilités » et du vandalisme. Pour la maire, les dégradations diverses auraient coûté plus de dix mille euros à la commune entre mai 2020 et décembre 2021. Ici, c’est d’ailleurs le terme de « vidéoprotection » qui est utilisé. La différence sémantique a son importance.

Le terme de « vidéoprotection » a fait son apparition dans les premiers temps du mandat de Nicolas Sarkozy. Alors qu’auparavant, celui de « vidéosurveillance » faisait consensus chez les promoteurs et les opposants aux caméras, l’apparition du mot « vidéoprotection » marque un changement de politique : le champ d’application n’est plus réservé à la prévention du risque terroriste, mais s’étend à la lutte contre la délinquance à partir de la loi Loppsi 2 (Loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure), un bébé de Michèle Alliot-Marie et Brice Hortefeux. Le choix de ce terme, qui se veut plus rassurant, répond à une logique de communication.

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