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LE CAPITALISME EXPLIQUÉ À MA PETITE-FILLE - Jean Ziegler Par ÉLUCID 28/10/2022 Économie 28/10/2022 Partagez A+ A- Parcourir la bibliothèque L’empire du capitalisme s’étend aujourd’hui à la planète entière. Ses bienfaits sont souvent loués, qu’il s’agisse de la théorie du ruissellement, de la démocratisation ou de la juste répartition des ressources par le marché. Mais, la réalité est toute autre. Podcast Réservé aux abonnés Mise en scène d’un dialogue entre Jean Ziegler et sa petite-fille, Le Capitalisme expliqué à ma petite-fille (2018) met en lumière les vices cachés de ce capitalisme mondialisé, source de destruction et d’inégalité. Ce qu'il faut retenir Le capitalisme est une forme d’organisation sociale et un mode de production qui repose sur la consécration de la propriété privée. Le capital est devenu un investissement initial substantiel permettant une monopolisation des revenus issus du travail effectué par d’autres. Le capitalisme repose sur trois principes : la société de consommation au Nord, l’endettement et l’exploitation des pays du Sud. Il s’appuie sur l’idéologie néolibérale qui prône l’adaptation du secteur public au service d’une libéralisation totale du marché au niveau mondial. Cette collaboration est si étroite qu’elle prend parfois la forme de corruptions et de complicités entre leurs agents respectifs. Ce processus, qui entraîne une disparition des États, assure également l’enrichissement des riches et l’appauvrissement des pauvres. Il permet le développement de dynamiques de monopolisation et de multinationalisation qui aboutissent à une globalisation du capitalisme. Biographie de l’auteur Ancien professeur de sociologie à l’université de Genève, à l’université de Grenoble et à Paris 1, Jean Ziegler devint, en 2000, rapporteur spécial auprès de l’ONU sur le droit à l’alimentation puis vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à partir de 2009. Ziegler est également engagé politiquement. Proche de la mouvance altermondialiste, il fut élu à deux reprises Conseiller national à la Chambre basse de l’Assemblée fédérale suisse. Avertissement : Ce document est une synthèse de l’ouvrage de référence susvisé, réalisé par les équipes d’Élucid ; il a vocation à retranscrire les grandes idées de cet ouvrage et n’a pas pour finalité de reproduire son contenu. Pour approfondir vos connaissances sur ce sujet, nous vous invitons à acheter l’ouvrage de référence chez votre libraire. La couverture, les images, le titre et autres informations relatives à l’ouvrage de référence susvisé restent la propriété de son éditeur. Plan de l’ouvrage I. Introduction II. L’origine du capitalisme III. Le rôle fondateur de la Révolution française IV. Le pouvoir des oligarques V. Un ordre capitaliste globalisé VI. Des inégalités croissantes que l’on ne peut plus dissimuler VII. L’ordre capitaliste comme moyen d’asservissement VIII. Le capitalisme entre illusions et réalités IX. L’éveil des consciences Synthèse de l’ouvrage I. Introduction Nombreux sont ceux qui estiment que le capitalisme a permis un enrichissement généralisé et l’amélioration des conditions de vie, de santé et d’éducation de toute l’humanité. Le capitalisme est considéré comme le système le plus juste, ayant le plus accru la liberté et le bien-être dans le monde. Le capitalisme a des qualités, notamment son dynamise créatif, à l’origine des grandes révolutions industrielles, technologiques et scientifiques contemporaines. Les progrès ainsi induits ont engendré une création de richesses sans précédent. En effet, entre 1992 et 2002, le PIB mondial a doublé et le volume du commerce mondial a triplé. Malheureusement, les modes de production sur lesquels repose ce système sont également responsables de véritables « crimes » dont les victimes se comptent en milliers. Il a provoqué la faim, la destruction de l’environnement, le retour d’épidémies et de maladies liées à la pauvreté dans les pays du Sud et l’augmentation du chômage dans le Nord. En outre, bien que l’enrichissement global augmente, cette évolution ne concerne qu’une minorité de personne et, en réalité, les inégalités se sont profondément creusées. Enfin, cette croissance, effrénée et inégale, épuise les ressources. De cette manière, depuis 1992, la consommation d’énergie double tous les quatre ans. II. L’origine du Capitalisme Le capitalisme est à la fois un mode de production et une forme d’organisation sociale. Le terme de « capital », dérivé de « caput » (tête de bétail), remonte aux XIIe-XIIIe siècles. Il désignait alors une avance de fonds, c’est-à-dire une masse d’argent initiale à faire fructifier. Au XIXe siècle, cette conception évolua et le « capital » désigna à la fois la masse d’argent initiale produite par le travail et le réinvestissement de cette somme pour qu’elle devienne elle-même une source de revenus. Le propriétaire de cette somme, le « capitaliste », prospérait alors en s’appropriant le revenu du capital, c’est-à-dire le revenu issu du travail des individus qu’il employait. La société a toujours été divisée entre les détenteurs du pouvoir, les riches, et les autres, les pauvres. Dans l’Antiquité, cette répartition était fondée sur l’esclavage : les riches, selon leurs moyens, acquéraient un certain nombre d’esclaves pour travailler pour eux. Le christianisme a aboli (théoriquement) ce mode de production, qui fut remplacé par le système économique et social féodal. Dans ce système, le pouvoir reposait sur la détention d’un « fief », constitué par une terre ou une seigneurie, qui permettait au seigneur de créer un réseau d’allégeances avec des vassaux à qui il octroyait lui-même un fief, en échange d’un serment d’allégeance (l’hommage). Au sein de chaque seigneurie, le seigneur disposait d’une communauté servile d’individus non propriétaires, les serfs, qui travaillait pour lui. La féodalité connut une mutation au sein des villes. L’essor de la mécanisation issue de la diversification des sources d’énergie (maîtrise des énergies hydraulique et éolienne) et l’appropriation des outils de production permirent l’enrichissement progressif d’une proportion de la population, en particulier les commerçants et les artisans, entraînant l’apparition d’une bourgeoisie urbaine. Agissant comme un contre-pouvoir face au seigneur, cette classe capitaliste embryonnaire lutta pour s’affranchir du pouvoir féodal et s’organiser en communauté urbaine. Selon Marx toutefois, le capitalisme moderne est apparu plus tard, avec le développement de l’esclavage en Amérique. L’exploitation d’une main-d’œuvre presque gratuite aurait permis, au XIXe siècle, à d’immenses fortunes de se constituer, fortunes qui furent réinvesties par la suite. Ce capitalisme, selon lui, est autodestructeur. Le système permet l’accumulation, au bénéfice des capitalistes, de la plus-value créée par les travailleurs. Il tend ainsi vers une contraction toujours plus grande du coût de production, en particulier du coût du travail. Marx considérait ainsi qu’à terme, les individus n’auraient plus les moyens d’acheter les produits des capitalistes, ce qui provoquerait l’effondrement du capitalisme. Toutefois, les luttes syndicales du XXe siècle contredirent le verdict de Marx. III. Le rôle fondateur de la Révolution française D’un point de vue économique, politique et idéologique, la Révolution, en consacrant l’accaparement du pouvoir politique par la bourgeoisie capitaliste, constitue un tournant dans l’histoire. La politique, les institutions et la société dans son ensemble furent alors réorientées au service des capitalistes. À cette occasion, le principe de la propriété privée fut érigé en valeur fondamentale. L’évènement du 10 août 1792 est à ce titre révélateur : alors que la milice de la Commune insurrectionnelle, convaincue que l’État dissimulait des stocks de denrées, prit d’assaut le Palais de Tuileries, les miliciens surpris à se livrer au pillage de biens mobiliers privés furent aussitôt condamnés à mort par la Commune, tant le principe de propriété était ancré. L’un des principaux défenseurs de la propriété privée fut en particulier Robespierre, qui la défendit au même titre que l’abolition de l’esclavage, le suffrage universel ou l’égalité des droits. Dès lors que la quête d’égalité concernait uniquement les droits, et non les biens, les dérives néfastes du capitalisme débutèrent. IV. Le pouvoir des oligarques Aujourd’hui, l’oligarchie capitaliste exerce un pouvoir presque total sur l’Occident et sur le monde. Ce pouvoir s’impose grâce à un double processus de monopolisation du capital et de multinationalisation. La monopolisation permet au capitaliste d’éliminer ses concurrents et d’accaparer le capital disponible et, ainsi, de contrôler la production et les prix. La multinationalisation lui permet d’étendre ce monopole à la planète. Ces deux processus purent se développer dans les années 1990 à la faveur de la chute du communisme et de l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication. En effet, avec la disparition du bloc communiste, un tiers de la population mondiale fut contraint de s’adapter au mode de production capitaliste. Par ailleurs, la révolution du numérique fluidifia et accéléra les échanges à travers le monde, ce qui facilita les relations entre les entreprises et leurs filiales. L’essor du numérique engendra également un phénomène d’autonomisation du capital purement financier par rapport au reste du capital économique des entreprises, incluant les locaux, les machines, la main-d’œuvre… Les réserves liquides dépendirent alors de moins en moins des gains de l’entreprise ou d’un capital initial issu du travail. Concrètement, la création d’une société doit désormais prendre la forme d’une levée de fonds en Bourse par l’émission d’actions, afin de constituer un capital initial. Or, ces actions sont détenues par les grandes puissances d’argent. Ces investisseurs, qui demeurent généralement inconnus du grand public, sont les véritables propriétaires des entreprises. Ils forment une sorte de nébuleuse d’autant plus difficile à saisir qu’ils agissent, la plupart du temps, grâce à la corruption, avec la complicité des autorités locales. Au Guatemala, par exemple, 1,86 % des propriétaires terriens nationaux et étrangers (notamment les multinationales de l’agroalimentaire telles que United Fruit, Monte Food, Unilever, etc.) monopolisent 67 % des terres arables, tandis que 90 % des propriétaires exploitent un hectare ou moins de terre agricole. Selon un rapport, réalisé par Jean Ziegler, l’absence d’un registre national du foncier du pays a permis aux grandes sociétés nord-américaines de s’approprier n’importe quel terrain en toute impunité, laissant à la population locale, sous-alimentée, uniquement les zones inexploitables. Jean Ziegler proposa alors à l’ONU un certain nombre de mesures pour remédier à cette situation, qui furent cependant écartées, sous la pression de l’ambassadeur américain auprès de l’ONU qui se fit le porte-parole des entreprises nord-américaines. Il en est de même au sujet des « conflict-minerals », ces métaux rares dont l’extraction s’accompagne souvent de graves entorses aux droits fondamentaux. L’exploitation des mines de Coltan, dans la région du Kivu au Congo, s’appuie par exemple sur le travail des enfants dans des conditions précaires et est à l’origine de multiples accidents mortels. Le Président Obama prit un décret pour assurer la traçabilité des conflict-minerals, qui fut cependant annulé par son successeur. En outre, l’État congolais, complice des sociétés minières, laisse des portions entières de territoires libres de toute contrainte publique. Les coupables ne sont pas tant les oligarques que le système capitaliste qui rend ces conspirations et conflits d’intérêts entre les secteurs public et privé possibles. V. Un ordre capitaliste globalisé Le capitalisme s’impose à tous, partout, mais de manière très inégale. Ainsi, l’ordre capitaliste globalisé s’apparente davantage à un archipel d’îlots de prospérité (les grandes métropoles et places financières) au milieu d’un substrat de régions moins développées et qui soutiennent le fonctionnement capitaliste du Nord. Au fondement du système capitaliste se trouvent les principes de la société de consommation. Instaurée après la guerre, dans les années 1950-1960, elle devait soutenir la reconstruction de l’ordre capitaliste par la reconstitution d’un capital pour les entreprises. Les secteurs du marketing et de la publicité se développèrent alors pour amener les consommateurs à consommer plus encore. Afin de maintenir ce système de consommation, l’ordre capitaliste se livre depuis à une persécution constante des citoyens qui se manifeste par une omniprésence des incitations à acheter dans l’espace public, dans les médias, voire dans la sphère privée. Cette consommation effrénée s’accompagne d’une exploitation croissante des matières premières qui détériore l’environnement dans les régions reculées du monde. Elle repose également sur une exploitation de la misère et de la pauvreté des populations. Les délocalisations vers les régions sous-développées, loin de poursuivre un but humaniste, servent ainsi à maximiser les plus-values des multinationales. Les législations des pays du Sud, qui, afin d’attirer les investisseurs capitalistes étrangers, sont toujours plus accommodantes, laissent ainsi advenir des catastrophes écologiques et humaines dramatiques (à l’instar de l’effondrement de l’immeuble du Rana Plaza, au Bangladesh en 2013). Comme le Sud, le Nord est également victime du capitalisme et connaît un chômage grandissant. Par ailleurs, la pollution de l’eau, de l’air et du sol impacte l’Humanité tout entière (une étude européenne a ainsi évalué à 5 litres par an et par personne, le volume moyen de pesticides ingurgité par un Européen). VI. Des inégalités croissantes que l’on ne peut plus dissimuler L’inégalité engendrée par l’ordre capitaliste s’aggrave. À titre d’exemple, en 2017, 500 sociétés transcontinentales privées contrôlaient 52,8 % du PIB mondial. La même année, les 85 milliardaires les plus riches du monde possédaient autant de valeurs patrimoniales que les 3,5 milliards d’habitants les plus pauvres. Enfin, entre 2010 et 2015, le pouvoir financier des 562 personnes les plus riches du monde s’est accru de 41 % tandis que celui des 3 milliards les plus pauvres a diminué de 44 %. L’inégalité s’étend à l’impôt, comme en témoigne la récurrence des scandales en matière de fraude fiscale (Panama Papers, Paradise Papers, Luxleaks...). Ces fuites ne sont pourtant que la partie émergée de l’iceberg. Selon une étude menée par le journal Le Monde, les pertes de revenu fiscal liées à la fraude fiscale seraient équivalentes à environ 350 milliards d’euros par an en totalité, dont 20 milliards par an pour la France. L’injustice est aggravée par la faillite des systèmes de redistribution des États Providence, qui devaient compenser les inégalités du capitalisme. Alors même que l’Europe avoisine les 36 millions de chômeurs, les États occidentaux sont désormais contraints de réduire les dépenses dans les services publics (écoles, hôpitaux, universités…), les protections sociales, ou de privatiser les fleurons nationaux (aéroports, entreprises stratégiques…). VII. L’ordre capitaliste comme moyen d’asservissement Malgré toutes les aides humanitaires et financières versées aux pays d’Afrique, les flux de capitaux du Sud vers le Nord, du fait du service de la dette, sont en réalité excédentaires. En théorie, l’Afrique, relativement sous-peuplée, regorge de terres arables qui lui permettraient de se développer correctement. Cependant, son endettement massif engloutit la quasi-totalité des revenus des États. Ces montants sont reversés en remboursement de la dette aux grandes banques du Nord (BCE, FMI ou BM). En conséquence, les pays d’Afrique sont dans l’incapacité d’investir pour la modernisation du secteur agricole, ce qui maintient le fonctionnement agricole à un niveau traditionnel peu productif. Par ailleurs, le prix des matières premières ne cesse de baisser et celui des produits industrialisés de s’envoler, au fil du temps. L’Afrique, qui exporte les premières et importe les seconds, a donc encore plus de peine à se développer au fil du temps. La dette constitue en outre un moyen pour les capitalistes d’imposer l’ordre capitaliste au reste du monde. Aujourd’hui, les crédits accordés à l’Afrique, en plus de s’accompagner de taux d’intérêt extrêmement élevés, garantissent la soumission des pays bénéficiaires au modèle économique capitaliste. En effet, en cas de défaut de paiement, ce qui est fréquent, les États africains peuvent recourir à un moratoire ou demander une restructuration de la dette. Le moratoire est très rarement utilisé par peur des représailles des grandes puissances (gel des avoirs à l’étranger, paralysie des flottes militaires stationnées à l’étranger ou autres). Plus fréquemment, les États africains ont recours à une demande de restructuration de leur dette afin d’obtenir une diminution de son montant ou un rééchelonnement de son remboursement. À cette occasion, les banquiers occidentaux (notamment le FMI et la BM) profitent de leur position d’autorité pour imposer des conditions économiques drastiques. Ces dernières constituent le plus souvent des réformes structurelles pour une libéralisation massive de l’économie, prenant la forme de privatisations d’entreprises nationales rentables, d’une diminution des services publics ou encore d’achats forcés d’armement. Ainsi, non seulement les États africains n’ont plus les moyens de se développer, mais ils perdent également leur indépendance et la possibilité de ne pas pratiquer une politique libérale. Les créanciers, souvent de grandes banques occidentales, se livrent en outre à des pratiques immorales, en particulier celle des fonds vautours. Participant au rachat à bas prix d’anciennes obligations d’un État au bord de la faillite et en cours de restructuration de dette, ils réclament le remboursement de leur créance à son montant initial (non restructuré) auprès des Tribunaux spécialisés dans ce type de litige. Ils remportent généralement ces procès et obtiennent des plus-values de plusieurs milliards de dollars. Les États dont la dette avait été réduite de 60 % ou 70 % sont alors condamnés à rembourser des obligations se rapportant à l’ancienne valeur de la dette. VIII. Le capitalisme entre illusions et réalités L’ordre capitaliste est maintenu grâce au silence unanime face à ses effets néfastes. Ce silence s’explique par un aveuglement idéologique, d’une part, et, d’autre part, par une autocensure de la plupart des médias. Les réalités choquantes sont alors occultées. Par exemple, tandis que la communauté internationale se focalisait sur les 2973 personnes ayant péri lors de l’attentat du 11 septembre 2001, le même jour, 35 000 enfants de moins de 10 ans, sous-alimentés, mourraient dans l’indifférence générale. Pour les défenseurs du capitalisme, ce système économique est légitimé par l’idéologie néolibérale, selon laquelle le marché s’autorégule naturellement. Suivant cette logique, ses plus fervents partisans appellent à la création d’une « Stateless global gouvernance ». Selon James Wolfensohn, ancien Président de la Banque mondiale, la suppression de toute contrainte publique, permettrait au capital de migrer naturellement là où il est le plus productif et donc d’induire un développement équilibré dans toutes les régions du monde. En réalité, cette logique néolibérale n’est que la traduction économique de la « loi du plus fort ». Elle impose des conditions égales à des participants n’ayant pas les mêmes capacités. L’entreprise Nestlé, par exemple, grâce à l’ouverture de l’économie ivoirienne, souhaite s’implanter en Côte d’Ivoire, principal producteur de fèves de cacao au monde. Or, la rémunération qu’offrirait Nestlé aux planteurs provoquerait nécessairement la faillite des concurrents locaux, incapables de proposer une rémunération plus intéressante. Nestlé obtiendrait rapidement le monopole de la production de fève et imposerait alors une diminution générale des salaires pour augmenter ses marges bénéficiaires. En somme, le néolibéralisme ne profite qu’aux géants de la mondialisation, au détriment des concurrents plus faibles et des travailleurs. D’autres avancent, pour défendre la logique capitaliste, que la libéralisation de l’économie favoriserait une libéralisation politique. La Chine constitue le meilleur contre-exemple. Malgré le tournant libéral de l’économie chinoise, le pays reste un régime autoritaire. Certains invoquent « l’effet de ruissellement » selon lequel les riches, arrivés à un niveau de richesse bien supérieur à la satisfaction de leurs besoins, seraient amenés nécessairement à la redistribuer. Or, dans la réalité, l’accumulation de richesses arrivée à un certain niveau ne répond plus à la nécessité de satisfaire ses désirs, mais à la simple avidité ou à une quête de domination. L’ordre capitaliste persiste finalement grâce à l’aliénation de milliers d’individus qui, persuadés de servir la cause commune, se battent pour le défendre. Le système capitaliste tend ainsi de manière paradoxale à la suppression de l’individualité et à la perte de conscience des individus de leur intérêt personnel. Ils se placent au contraire sous l’autorité intellectuelle de puissants, défenseurs de l’ordre capitaliste, qui financent des campagnes d’information orientées. C’est ainsi que les Suisses purent voter contre des lois telles que l’instauration d’un salaire minimum ou encore la création d’une caisse d’assurance maladie… IX. L’éveil des consciences Ce système économique et social est irréformable et doit être entièrement supprimé afin de reconstruire un système en cohérence avec les valeurs régissant les rapports humains. Cette perspective n’est pas plus utopique que ne le furent, en leur temps, l’abolition de l’esclavage, l’émancipation des femmes ou encore la souveraineté et l’indépendance des colonies. Ces valeurs sont d’ailleurs d’ores et déjà inscrites dans de nombreuses Déclarations (DDHC, Déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU, Déclaration d’indépendance de 1776…) : l’égalité entre tous les êtres humains, le droit au bonheur, à la vie, à la santé, à l’insurrection… Tout comme les idées des Lumières imprégnèrent pendant des décennies les différentes couches de la population avant que n’éclate la Révolution française, nous assistons actuellement à une insurrection des consciences. Une nouvelle forme de société civile mondiale, dans laquelle la question de l’Humanité a une place centrale, émerge. Chacun se reconnaît dans l’autre et les mouvements qui se créent pour revendiquer cette solidarité sont autant de fronts de résistance anticapitaliste (par exemple : le mouvement MeToo, le mouvement altermondialiste Attac, Via Campesina, mais aussi Greenpeace…). Bien qu’il ne soit pas encore possible de tracer les contours du système qui succédera au capitalisme, la société prend indubitablement conscience du versant obscur du capitalisme et tend à son renversement. * Vous avez aimé cette synthèse ? Vous adorerez l’ouvrage ! Achetez-le chez un libraire ! Partagez
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