D’où vient l’obligation morale de la dette ? Comment est née l’idée selon laquelle nous devrions payer une certaine somme à une entité auprès de laquelle nous nous estimons redevables ? Pour David Graeber, la dette n’a jamais été qu’une construction sociale et un outil de contrôle du pouvoir.
Podcast La synthèse audio
Dans Dette : 5000 d’histoire (2011), l’anthropologue présente une véritable généalogie du concept de dette, s’efforçant de déconstruire les idées reçues sur la question, avec un objectif ambitieux : supprimer la conception actuelle de la dette, corrompue par les mathématiques et la violence.
Ce qu’il faut retenir :
L’étude de l’histoire de la dette et la détermination de sa nature sont victimes de certaines idées reçues. En réalité, la dette, associée à la violence et à l’injustice, a toujours été un outil de pouvoir et de contrôle social, bien avant l’apparition des monnaies physiques.
L’idée que le troc a précédé l’apparition de la monnaie, cette dernière étant née du besoin de faciliter les échanges, est un mythe : on sait aujourd’hui que les sociétés anciennes utilisaient principalement des systèmes de crédit.
En retraçant l’évolution des systèmes de dette, on voit que ce sont les États et les institutions financières qui ont structuré les économies autour de la dette et de l’exploitation. Il faut remettre en question ces fondations et restructurer la notion de dette – la vraie liberté implique la capacité de faire des promesses authentiques entre individus égaux.
Biographie de l’auteur
David Graeber (1961-2020) est un anthropologue américain et une figure de la gauche radicale anglo-saxonne. Professeur à l’université de Yale, il migre à la London School of Economics en 2007, après que Yale lui ait refusé une titularisation (possiblement en raison de ses convictions politiques). En 2011, il devient l’un des leaders du mouvement de contestation des abus du capitalisme financier Occupy Wall Street.
Après plusieurs ouvrages d’anthropologie, il publie l’essai Dette : 5 000 ans d’histoire (2011), qui connaît succès retentissant, puis Bureaucratie (2015) et Bullshit jobs (2018). Il meurt prématurément en 2020, des suites d’une nécrose pancréatite.
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