Pour l'ancien conseiller de Valéry Giscard d'Estaing, « nous n’avons été qu’une pâle imitation de la Russie qui, sous Boris Eltsine, est passée avec une rapidité excessive du communisme au libéralisme absolu. » Dans cet entretien exclusif réalisé par Olivier Berruyer en 2012, Yves Cannac revient sur l’abandon d’une économie régulée et l’avènement du libéralisme excessif en France.
Yves Cannac (1935-) est un haut fonctionnaire français. Agrégé d’histoire en 1959, il est d’abord professeur avant de quitter l’université et entrer à l’ENA. Il commence sa carrière dans l’administration au Conseil d’État. Il rejoint par la suite le cabinet ministériel de Jacques Chaban-Delmas en 1969. Il conseille ensuite Valéry Giscard d’Estaing lorsque ce dernier est ministre de l’Économie puis Président de la République. Il occupera également certains postes en entreprise, au sein du groupe Havas ou de la CEGOS. Il fut en outre membre du Conseil économique et social.
Olivier Berruyer : M. Cannac, vous avez été membre du cabinet de Jacques Chaban-Delmas lorsqu’il était Premier ministre. Qu’avez-vous retenu de cette période ?
Yves Cannac : L’évènement le plus marquant que j’ai vécu en travaillant pour Chaban est celui de son discours de présentation au Parlement, du 16 septembre 1969, sur la « Nouvelle société ». J’ai travaillé toute une nuit sur ce discours, pour le réécrire, sur demande du Premier ministre. Chaban-Delmas avait attendu trois mois avant de prononcer ce discours, pour le faire préparer soigneusement par l’ensemble de son gouvernement. Son idée était de fabriquer un discours qui rassemble l’ensemble des idées de ses ministres.
Ce discours appelait à dynamiser la France en réformant plusieurs pans du gouvernement du pays. Il s’agissait de réindustrialiser le pays, de reconstruire la confiance et la responsabilité vis-à-vis des entreprises et des agents publics, et de réorganiser l’État de façon à permettre une coopération efficace entre l’État, les collectivités territoriales, les entreprises et les syndicats. Cette coopération devait permettre de dégager une politique qui soit suffisamment partagée par les uns et les autres et dans laquelle les salariés, les épargnants et les agents publics – en somme, la Nation – puissent trouver satisfaction.
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