Relance : l’Europe (encore) à la traîne, et à contresens

L’Europe est-elle vraiment en train d’éviter de reproduire les mêmes erreurs de l’après-crise financière de 2008 : celles d’une relance trop timide, suivie d’une reprise trop molle, aussitôt cassée par une austérité trop forte ? Manifestement, non.

En Europe, une relance sous-calibrée 

750 milliards d’euros, sur trois ans, dont 390 milliards de subventions, le reste étant des prêts. Le plan de relance européen post-covid baptisé "NextGenerationUE" aura mis 14 mois pour démarrer effectivement, en juillet 2021, tant il a (encore) cristallisé la fracture ouverte entre les pays "fourmis" du Nord et les "cigales" du Sud. Les tranches d’aides seront reversées aux 27 États membres tous les semestres jusqu’en… 2026, à la condition de respecter des critères bien précis : investir pour répondre aux enjeux climatiques et technologiques, tout en menant des réformes structurelles.

Cette relance européenne "d’urgence", qualifiée d’ "inédite" par son ampleur, ne représente en réalité que 1% de dépenses nouvelles par an. Et se révèle largement sous-dimensionnée : selon Olivier Passet, directeur de la recherche de Xerfi, les plans américain et chinois s’élèvent "à des échelles 5 à 10 fois plus élevées et bien plus concentrées dans le temps". Aux États-Unis, ce sont 6000 milliards de dollars  (près de 5200 milliards d’euros) qui ont été mis sur la table depuis mars 2020, quasi sans condition. Soit 30 points de PIB ! Même en écartant les effets des "stabilisateurs automatiques" qui opèrent davantage en Europe, les États-Unis ont "largement plus surcompensé" les effets de la crise, d’après l'OFCE.