L’hydrogène est abondamment cité dans le récit de la transition énergétique en cours. Il est mis en avant comme solution pour décarboner le transport (mobilité à hydrogène) ou encore permettre de stocker efficacement l’électricité pour pallier l’intermittence de la production éolienne et solaire. Pourtant, l’utilisation actuelle de l’hydrogène dans des procédés industriels émetteurs de gaz à effet de serre devrait susciter la méfiance quant à ces promesses de lendemains qui chantent. Analyse.

publié le 16/10/2023 Par Hovannès Derderian

L'hydrogène est souvent présenté comme un élément central de la transition énergétique en cours qui permettra un avenir décarboné et vert, en particulier pour le transport et le stockage de l’électricité. On peut affirmer sans risque de se tromper que c’est une technologie qui engrange le soutien des pouvoirs publics très au-delà de son rôle actuel et prospectif parmi les technologies vertes. En France, la stratégie nationale de développement de l'hydrogène prévoit un soutien public de l’ordre de 7 milliards d'euros d'ici 2030. L’Allemagne prévoit quant à elle de consacrer 9 milliards d’euros à cette filière dans le même laps de temps. La Commission européenne n’est pas en reste, puisqu’elle prévoit la création d'une nouvelle banque publique dédiée au développement de l'hydrogène et capable d'y investir 3 milliards d'euros.

Si l’enthousiasme des pouvoirs publics est patent, celui des spécialistes se fait plus hésitant. Le rôle actuel de l'hydrogène dans la transition énergétique est minime pour ne pas dire inexistant. Son utilisation pour le stockage de l’électricité n’a pour le moment jamais dépassé le stade du prototype en raison du faible rendement énergétique qu’implique cette solution (environ 30 %). Quant à son hypothétique rôle dans la mobilité du futur, il se heurte au fort développement de la voiture électrique, qui nécessite déjà de lourds investissements en infrastructures. De plus, l’hydrogène apparait là encore comme présentant un rendement énergétique bien inférieur à celui de la voiture électrique à batterie (22 % contre 73 %). Le chercheur Aurélien Bigo, spécialiste de la mobilité, parle ainsi « d'hérésie » en ce qui concerne la voiture à hydrogène lors d’une récente interview.

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