Bien que leur impact négatif sur l’environnement et la santé soit connu, les pesticides sont au cœur du système de production. Et s’en passer semble impossible sans une authentique réforme des politiques agricoles.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a proposé le 6 février dernier le retrait d’un projet législatif visant à réduire de moitié l’usage des pesticides dans l’Union européenne. Élément central du « Pacte vert », lancé par la Commission en décembre 2019, ledit projet affichait son ambition de conduire l’ensemble des pays de l’Union vers une réduction de moitié des produits dits « phytosanitaires » d’ici 2030, par rapport à la période 2015-2017.
En langage politique, Mme von der Leyen a qualifié la proposition de « symbole de la polarisation », en réaction aux manifestations d’agriculteurs à travers tout le continent – la mesure prévoyant la réduction significative de l’usage des pesticides ayant figuré parmi les principaux sujets de discorde. Pourquoi les agriculteurs, les premiers concernés, ont-ils massivement marqué leur désapprobation face à l’objectif de réduction d’usage des intrants chimiques, parmi les principaux responsables de la catastrophe écologique européenne ? Et pourquoi la cheffe de la Commission européenne a-t-elle préféré faire marche arrière plutôt que de défendre cette mesure ?
Afin de saisir l’importance qu’occupent les pesticides dans le mode de production agricole actuel, il importe de comprendre comment s’est déconstruit le monde paysan pour devenir le gigantesque marché dépendant des intrants synthétiques que nous connaissons aujourd'hui.
En 1955, la France comptait 2,3 millions d'exploitations agricoles. En 2003, on n’en recensait plus que 590 000. À l’aube de ce siècle, deux millions de personnes vivaient sur ces fermes, soit quatre fois moins qu'en 1955. La population active agricole, familiale et salariée, atteignait 6,2 millions de personnes en 1955, soit près du tiers de l'emploi total en France. En 2000, cette part était tombée à 4,8 % avec 1,3 million de personnes. En 2021, les agriculteurs représentaient moins de 2 % de la population active nationale.
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