Le business de l’eau en bouteille s’est rarement aussi bien porté : à rebours des injonctions à se passer du plastique et à consommer davantage d’eau du robinet, ce secteur a progressé de 73 % entre 2010 et 2020, et les ventes pourraient doubler d’ici 2030 pour atteindre 500 milliards de dollars. Selon un récent rapport de l’Université des Nations unies, ce sont ainsi un million de bouteilles d’eau qui sont vendues chaque minute dans le monde.
Mais en dehors du seul problème environnemental qu’elle représente, l’exploitation de l’eau en France par les grandes multinationales comme Nestlé ou Danone – qui figurent parmi les quatre premiers producteurs mondiaux d’eau embouteillée – soulève surtout des enjeux démocratiques autour du droit au bien commun fondamental que constitue cette ressource essentielle.
Tensions accrues sur la ressource en eau
Les récents épisodes de sécheresse ont jeté la lumière sur les conflits d’usage générés par les tensions croissantes sur la ressource en eau. Un contexte qui ne semble cependant pas avoir atteint les industriels du secteur, auréolés d’un sentiment de toute-puissance : à l’été 2022, alors que les arrêtés préfectoraux ont multiplié les restrictions d’usage de l’eau envers les particuliers, Nestlé Waters a pu continuer à prélever chaque jour à Vittel l’équivalent de la consommation d’une ville de 40 000 habitants, sans faire l’objet d’aucune limitation.
La situation n’est pas nouvelle : au cours des étés 2015 et 2017, marqués par de très fortes vagues de sécheresses dans le Puy-de-Dôme, Danone a prélevé des quantités d’eau en forte augmentation dans l’aquifère de Volvic, alors même que la préfecture enjoignait les usagers à réduire drastiquement leur consommation.
Or, une quantité importante de cette eau est destinée à l’exportation : les habitants sont ainsi privés de leurs propres ressources, qui font l’objet de la prédation des multinationales en quête de toujours plus de profit. Alors même que les tensions accrues sur la ressource en eau appellent à davantage de démocratie quant à l’attribution de ses usages, les usagers ont peu voix au chapitre. En cause : l’imbrication étroite des multinationales dans le tissu politique et économique local.
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