Il y a de nombreuses années, l’écrivain Claude Roy affirmait dans l’un de ses carnets que l’on ne voyage plus, mais que l’on « toure ». Le tourisme de masse et ses mille plaisirs seraient l’antonyme du voyage. Il ne faut pas voir dans sa position un mépris de la démocratisation du voyage. Son propos dénonce plutôt la perte de ce que le voyage offrait vraiment, à savoir la rencontre, le questionnement sur soi et la remise en cause de certaines de nos habitudes.

publié le 06/09/2024 Par Frédéric Farah

Désormais, le tourisme comme phénomène social et économique est aussi la marque de fabrique de la société de loisirs, déjà identifiée par Joffre Dumazedier au début des années 1960. Sans compter que pour nombre de pays européens, la part du tourisme dans la production nationale est considérable et conditionne largement le devenir économique de certaines régions. On peut penser aux pays du sud de l’Europe ou encore à la France, dont les récents Jeux olympiques avaient pour vocation d’attirer les touristes en nombre.

Le secteur représente environ 5 % de l’activité économique de l’Union européenne. Dans le cas européen, il est possible d’affiner le propos, puisqu’en 2022, les touristes internationaux ont dépensé près de 370 milliards d’euros dans les 27 pays de l’Union européenne.

De manière plus générale, on estime à 1,3 milliard le nombre de voyages touristiques internationaux en 2023. Ces touristes ont engagé plus de 1 500 milliards d’euros de dépenses. En termes d’emplois, le tourisme est aussi un secteur clef de l’économie mondiale, puisqu’il en représente plus de 10,5 %.

L’hypertourisme vient saturer l’espace public

De cette première approche pourrait découler un avis positif sur le tourisme, tant il s’inscrit dans les dynamiques sociales et économiques contemporaines. Mais comme nous l’a appris Camus, il n’est pas d’endroit sans envers. Le tourisme est régulièrement dénoncé pour ses nombreux méfaits : pollution, surpopulation de certains sites, spéculation immobilière, insécurité pour ne citer que ceux-là. Désormais, c’est le terme de l’hypertourisme qui vient saturer l’espace public.

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