Alors que le Royaume-Uni renationalise son réseau ferroviaire après l'échec cuisant de sa privatisation dans les années 1990, la France, sous l'impulsion de l'Union européenne, ouvre ses trains de passagers à la concurrence. Cette libéralisation initiée en 2020 soulève des questions cruciales sur la gestion et le financement des infrastructures. Avec des opérateurs privés réticents à investir, le modèle économique fragile de la SNCF basé sur un équilibre entre lignes rentables et non rentables se trouve menacé. Le risque est de laisser les infrastructures et les lignes déficitaires à la charge du contribuable, pendant que les lignes bénéficiaires viennent remplir le portefeuille du secteur privé sans que le contribuable consommateur y gagne.

publié le 19/08/2025 Par Alexandra Buste, Xavier Lalbin
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Le Royaume-Uni renationalise ses trains suite à l’échec de leur privatisation dans les années 1990. Le but à l’époque était de faire baisser les prix et d’améliorer la qualité et la gestion du réseau. Trente ans plus tard, la France ouvre ses trains de passagers à la concurrence. Débutée en 2020, cette libéralisation est menée sous la houlette de l’Union européenne qui en avait dessiné les premiers contours dès 1991.

L’observation de l’expérience anglaise révèle que le manque d’investissements des opérateurs privés dans la gestion du réseau de rails a conduit à une série d’accidents mortels dans les années 2000, une hausse des tarifs des billets et un manque de ponctualité des trains.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est difficile à ce jour de voir comment l’Europe et la France vont éviter ces écueils. D’ailleurs, les problèmes apparaissent déjà avec des compagnies ferroviaires étrangères opérant dans l’hexagone qui rechignent à payer pour les infrastructures. La solution d’en laisser le financement aux pouvoirs publics – et donc au contribuable – ravit par contre tous leurs suffrages.

Or, le modèle économique de la SNCF, l’opérateur public national, repose sur un équilibre économique fragile entre les lignes rentables, notamment les lignes TGV, et celles non rentables mais qui assurent la couverture du territoire. Le risque est alors que cet équilibre soit rompu avec les lignes rentables aspirées par la concurrence, tandis que les autres restent à la charge de l’entreprise publique.

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