TotalEnergies se présente comme un « futur leader mondial de la transition énergétique » à la faveur d’une stratégie « multi-énergies » axée sur « deux piliers intégrés et équilibrés », les hydrocarbures (pétrole et gaz) d’un côté et les énergies bas carbone (principalement électricité) de l’autre. Il suffit de plonger dans ses communications chiffrées pour le prouver. Mais dans les faits, le groupe n’investit que très peu dans l’électrique, au regard de ses énormes capacités financières. Et l’entreprise compte augmenter sa production de pétrole et de gaz naturel liquéfié, bien plus rentable, et ainsi répondre à une demande mondiale qui restera en forte hausse pendant encore de longues années. Pour financer ses projets dans les hydrocarbures tout en continuant de gâter ses actionnaires, TotalEnergies veut chercher l’argent là où il est, c’est-à-dire aux États-Unis. C’est d’ailleurs dans cette optique que Patrick Pouyanné, son PDG, défend bec et ongles son projet de double cotation à Paris et à New York. En attendant d’y parvenir, le conseil d’administration pourrait discrètement « s’américaniser »…

TotalEnergies fait inexorablement partie de ces très grandes entreprises qui polarisent les débats en France. Il y a ceux qui dénoncent TotalEnergies comme étant la représentation parfaite de la méchante multinationale pétrolière et gazière, amorale, qui pollue le monde pour mieux engraisser ses actionnaires, tout en faisant du greenwashing pour rassurer les consommateurs. Et il y a ceux qui sont attachés et fiers de ce fleuron industriel français qui emploie plus de 100 000 personnes réparties dans 130 pays du monde, qui rivalise avec les plus grands du secteur, et qui est pleinement engagé dans la transition énergétique – et même plus que ses concurrents.
C’est d’ailleurs, en substance, ce que TotalEnergies revendique : l’entreprise déploie « une stratégie multi-énergies intégrée et équilibrée, avec deux piliers : les hydrocarbures et l’électricité » ; elle affirme ainsi son « ambition d’atteindre la neutralité carbone en 2050, ensemble avec la société (sic !) », et compte « devenir un leader mondial de la transition énergétique ». Alors où est la vérité ? Pour le savoir, basons-nous – comme toujours – sur les faits.
Total, c’est 90 % d’hydrocarbures et 10 % de bas carbone
Commençons par éplucher le dernier rapport annuel de TotalEnergies (celui publié en 2024 pour l’année 2023). Où en est l'entreprise dans la répartition de sa production entre énergies fossiles (pétrole et gaz, notamment le GNL) et énergies renouvelables ?
Le constat se révèle sans appel : le pétrole représente 43 % de sa production totale ; le gaz grimpe à 47 % – oui, TotalEnergies est désormais plus un géant gazier que pétrolier – tandis que les énergies bas carbone ne totalisent que… 10 % de la production totale. C’est peu, mais surtout pas si éloigné des 7 % que représentait la part des renouvelables dans l'ensemble de la production de Total en 2019.
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