Après la défaite du communisme, beaucoup ont cru à l’avènement d’un nouvel ordre mondial qui déboucherait sur la constitution d’une démocratie sans frontières et sans ennemis, dans laquelle le conflit aurait disparu. Mais, malgré les tentatives pour développer le dialogue et arriver au consensus, les conflits demeurent.

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Dans L’illusion du consensus (2016), Chantal Mouffe affirme que la tentative des consensualistes pour pacifier la politique est une impossibilité. Selon Mouffe, le conflit est constitutif du politique et c’est seulement en acceptant cette idée que nous pourrons revitaliser la démocratie.

Ce qu’il faut retenir :

Depuis la chute de l’URSS, une vision post-politique s’est imposée et, avec elle, la croyance selon laquelle on pourrait atteindre un consensus à travers le dialogue – mettant ainsi fin aux conflits. Reprenant en partie la pensée de Carl Schmitt, Chantal Mouffe défend l’idée que le politique réside dans la constitution d’une identité collective, un “nous”, construit par un acte d’exclusion, en opposition à un “eux”. Ainsi, en voulant dépasser le clivage droite/gauche, les souverainetés et, de manière générale, toute forme de conflit, l’approche consensualiste se présente comme une vision antipolitique de la société.

Mais, en refusant l’antagonisme, pourtant constitutif du politique, le consensualisme interdit l’émergence d’une forme légitime de contestation. Les oppositions réapparaissent ainsi sous des formes problématiques, qu’il s’agisse des populismes nationaux ou du terrorisme international.

Le défi d’une politique démocratique est alors, non pas d’éradiquer le conflit, mais de sublimer les antagonismes, sous une forme agonistique. Il faut permettre l’émergence de conflits légitimes, dans lesquels l’opposant est un « adversaire », et non un « ennemi ».

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