Œuvre maîtresse du théoricien situationniste Guy Debord, La Société du Spectacle (1967) est aujourd’hui largement célébrée parmi les milieux de gauche. Pourtant, à sa sortie, l’ouvrage passe relativement inaperçu, malgré un certain succès au cours des troubles de mai 68.
Podcast La synthèse audio
Composé de 221 aphorismes, ce bréviaire situationniste poursuit et dépasse, dans un style assertif, la thèse du fétichisme de la marchandise de Marx.
Ce qu’il faut retenir :
Les conditions de production modernes ont donné naissance à des sociétés de spectacle. Le spectacle en question est celui de la marchandise et s’observe partout, sous des formes diverses : spectacle concentré, dans les sociétés capitalistes bureaucratiques, et spectacle diffus, dans les sociétés où le capitalisme moderne s’est développé sans obstacle. Mais, cette apparente diversité masque l’unité faite entre toutes ces sociétés, par le spectacle auquel elles participent toutes.
Cette unité est en même temps séparation – séparation entre le travailleur et son produit, entre l’homme et l’homme et, finalement, entre l’homme et sa réalité.
La classe révolutionnaire triomphante est la bourgeoisie. La révolution prolétarienne a échoué jusqu’à présent à la détrôner : la théorie révolutionnaire n’a pas su devenir une théorie pratique, faisant ainsi obstacle à la constitution du prolétariat comme sujet.
Le temps (l’histoire), l’espace et la culture sont aujourd’hui devenus spectaculaires.
Le spectacle constitue, dans ces conditions, l’idéologie matérialisée de la séparation.
Biographie de l’auteur
Guy Debord (1931-1994) est un intellectuel français, artiste et penseur révolutionnaire. Après avoir obtenu son baccalauréat en 1951, il rejoint le mouvement lettriste, mouvement artistique d’avant-garde créé par Isidore Isou autour de 1945. Ce mouvement se présente comme un art qui refuse l’usage des mots pour préférer les sons, les onomatopées et la musique des lettres. En 1952, Debord publie son premier film, œuvre majeure du lettrisme, Hurlements en faveur de Sade (moyen-métrage composé d’une alternance d’écrans blancs, accompagnés de citations du Code civil ou de romans, et d’écrans noirs silencieux).
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