L’élection et la représentation sont aujourd’hui considérées comme des instruments démocratiques par excellence. Pourtant, cette croyance, selon laquelle nos régimes représentatifs actuels constituent des formes pures de démocratie, est récente.
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Dans Principes du gouvernement représentatif (1995), Bernard Manin, revenant sur l’histoire de la démocratie antique et sur le développement des régimes représentatifs au cours du XVIIIe siècle, nous montre comment la représentation politique, tout en contenant des éléments démocratiques, présentent un caractère profondément aristocratique. À la lumière de cette étude historique, il donne une analyse originale de la crise de la représentation à laquelle nous faisons face aujourd’hui.
Ce qu’il faut retenir :
Le régime politique athénien, démocratie antique la plus connue, ne connaissait pas l’élection, mais reposait sur les principes d’égalité d’accès aux fonctions et de rotation en sélectionnant les magistrats par tirage au sort.
Le mécanisme de l’élection se développe au XVIIIe siècle, avec pour objectif de sélectionner une élite compétente et de mérite. Le gouvernement représentatif constitue ainsi une forme d’aristocratie démocratique, dont l’élément démocratique tient à l’intervention de tous les citoyens (suffrage universel) dans l’élection et la réélection de ses représentants, et l’élément aristocratique, dans la sélection d’une élite perçue supérieure par le reste de la population.
Dans cette perspective, la crise de la représentation, liée à l’affaiblissement des partis, ne constitue rien de plus qu’un changement dans l’élite sélectionnée. Nous assistons simplement au remplacement d’une élite par une autre : les membres des partis politiques, qui ont succédé aux notables du parlementarisme ont été supplanté par des experts en communication.
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