Dans Purifier et Détruire. Usages politiques des massacres et génocides (2005), Jacques Semelin s’efforce d’expliquer comment des violences extrêmes peuvent conduire à des génocides. Il met en évidence les différentes phases de ce processus de destruction depuis la construction du cadre sémantique et la création de la peur de l’Autre, jusqu’au « passage à l’Acte ».
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S’appuyant sur trois exemples de « massacres » connus – celui des juifs d’Europe (1939-1945), celui des musulmans et Croates de Bosnie (1992-1995) et celui des Tutsis au Rwanda (1994) –, il montre comment la connaissance ou l’ignorance de ces signaux d’alerte par des États tiers ne présage en rien de leur intervention militaire ou humanitaire pour éviter le massacre.
Ce qu’il faut retenir :
Les agissements d’un État peuvent devenir génocidaires dans trois situations types : lorsque l’État est en période révolutionnaire et que le massacre s’inscrit dans la construction du nouveau régime ; lorsqu’il est engagé dans un conflit dont l’issue lui paraît défavorable et se rabat sur l’incarnation interne de l’ennemi extérieur ; et, lorsqu’il est en perte de légitimité et doit user de tyrannie pour se maintenir au pouvoir face aux mouvements d’opposition qui le menacent.
L’apparition d’un génocide est l’aboutissement potentiel d’une dynamique de violence née dans un contexte de crise (économique, sociale, politique…). Cette dynamique commence par la création d’une unité nationale contre un ennemi interne diabolisé, idéalement rattachée à un ennemi extérieur réel.
La propagande idéologique échauffe les esprits en canalisant les angoisses de la population sur un « Autre » ennemi et en aggravant la peur de cet « Autre ». Le sentiment d’impunité que procure l’indifférence de la communauté internationale et des citoyens engendre une marginalisation puis la persécution de ce bouc émissaire.
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