Pour l'ancien ministre de l’Économie de l’Argentine, le Fond Monétaire International considère que l'économie ne peut fonctionner sans les banques, et propose ainsi toujours des solutions en faveur du système bancaire. Dans cet entretien inédit réalisé par Olivier Berruyer en 2013, Roberto Lavagna revient sur le défaut historique qu'a traversé l'Argentine en 2001, sur les causes de la crise économique, et explique les raisons qui l'ont conduit à choisir la restructuration de la dette plutôt que le plan « d'ajustement » du FMI. Il dénonce également le poids démesuré du secteur financier, l'arrogance de l'Union Européenne et le tabou des problèmes de l'Euro.
Roberto Lavagna (1942 -) est un économiste argentin. Il a été ambassadeur auprès de l’Union européenne (2000-2002) puis ministre de l’Économie de l’Argentine (2002-2005) après le défaut de son pays sur sa dette publique – le plus gros défaut national de l'Histoire. Il a également été candidat à la Présidentielle argentine de 2007, où il a obtenu près de 17 % des voix.
Olivier Berruyer : M. Lavagna, vous avez été ministre de l’Économie de l’Argentine de 2002 à 2005, à la suite de la crise économique qu'a traversé votre pays. En effet, en 2001, l’Argentine a obtenu le record du plus gros défaut de paiement de l’Histoire, avec 100 Md $. Quelles ont été les raisons qui ont poussé l'Argentine à se déclarer en cessation de paiements, plutôt qu’à lancer un énième plan de rigueur ?
Roberto Lavagna : La cessation de paiements dans un cas comme celui de l’Argentine était inévitable. Chute du PIB, fort déficit fiscal, déséquilibre en compte courant de la balance des paiements, haut niveau « réel » de dette/PIB, chômage de masse : voilà les données économiques les plus évidentes qui découlaient d’une politique qui avait duré dix ans, et du lien – sans tenir compte des différences d’inflation ni des productivités relatives – entre la valeur du peso et celle du dollar.
À la fin de l’année 1999, l'ancien gouvernement avait accepté un programme d’ajustement du FMI dénommé « blindage » qui connut un échec. Début 2001, un autre programme d’ajustement, le « méga-échange » (megaswap), fut également un échec – ce qui a débouché, à la fin de l’année, sur un défaut de l'Argentine. D’autres pays d’Europe (Allemagne, France) ou d’Amérique latine (Brésil) ont connu des situations similaires depuis 1790, parfois même plus fréquemment que l’Argentine.
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