Après plusieurs semaines d’une contestation sociale largement médiatisée, le président sri-lankais Rajapakse a démissionné du gouvernement le 13 juillet dernier. Mais les réseaux sociaux n’ont pas seulement donné à voir les images impressionnantes de la foule envahissant le palais présidentiel : rapidement, des figures de l’extrême droite française, mais pas seulement, ont profité de la crise dramatique qui sévit dans le pays pour cibler la transition vers une agriculture 100 % bio (adoptée par le gouvernement sri-lankais en 2021) et en faire un bouc émissaire.
Si le virage brutal opéré par Rajapakse a effectivement entraîné des conséquences indéniables sur la production agricole et la (mauvaise) santé économique du pays, il n'en demeure pas moins que cette vision est fortement réductrice. En effet, l'économie sri-lankaise était déjà moribonde bien avant les réformes agricoles et c'est moins la décision du 100 % bio que les modalités de sa mise en œuvre (virage brutal sans réelle transition) qui doivent être mises en cause.
Des raccourcis très politiques
« Prenons deux mesures de votre programme : vous proposez de ne plus utiliser aucun engrais ou pesticide, et d’imposer une production agricole à 100 % bio. […] L’exemple que vous prônez est celui de la déliquescence du Sri Lanka, ni plus, ni moins ! ». Attaquant les mesures relatives à l’agriculture du programme des députés de gauche, la députée Renaissance Aurore Bergé établit un raccourci – un peu trop rapide – entre la politique agricole prônée par le Sri Lanka et la crise économique, sociale et politique que traverse le pays. Des propos en écho à l’étrange musique qui a cherché à s’imposer dans le débat sur le sujet, au Sri Lanka comme à l’international.
Il convient en effet de regarder de plus près les différents facteurs à l’origine de la crise profonde dans laquelle était englué le pays au moment de sa transition vers le 100 % bio. Le Sri Lanka était depuis plusieurs années pris dans un cercle vicieux d’emprunts à des taux élevés, nécessaires pour rembourser la dette et ses intérêts. En 2019, ces emprunts représentaient plus du tiers de la dette totale du pays.
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