Il y a dix ans, le 5 juillet 2015, avec une clarté à toute épreuve, le peuple grec disait « non » aux mesures d’austérité du plan européen que le Premier ministre d’alors, Alexis Tsipras, lui proposait d’avaliser. Ce « non » populaire a été foulé aux pieds et la Grèce a ensuite subi un nouveau train de mesures austéritaires imposé par la Troïka. La coalition de gauche a ensuite été emportée dans les défaites électorales, et Tsipras est allé rejoindre, à raison, les oubliés de l'Histoire. Comme souvent, la politique est une affaire de récits. Les instances européennes et leurs affidés se sont pressés de nous offrir un storytelling à leur avantage : après une période de nécessaire austérité, la Grèce aurait renoué avec la prospérité ; la porte des marchés financiers lui serait à nouveau ouverte, et elle emprunterait même pour moins cher que d'autres pays européens comme la France. Mais qu’en est-il réellement dix ans après, alors que la Grèce ne voit plus les regards se porter sur elle ? Doit-on accorder du crédit à ce récit lénifiant censé justifier l’austérité ? La crise grecque et ses lendemains en disent long sur l’état de déliquescence de la démocratie dans l’Union européenne et sur les impasses de l’austérité. Dix ans à reparcourir pour comprendre la fragilité dans laquelle l’Union européenne se trouve désormais.

Depuis 2008, l’Union européenne va de crise en crise. La liste mérite d’être rappelée : crise des subprimes, crise des dettes souveraines, Brexit, crise Covid, crise énergétique, et maintenant crise géopolitique. Il ne faudrait pas non plus oublier la nouvelle crise industrielle, qui emporte dans la tourmente l'acier et l'automobile, doublée de tensions commerciales avec les États-Unis, surtout depuis cette année après le retour de Donald Trump à la présidence.
Dans ce paysage plus que tourmenté, la crise grecque mérite un arrêt, car ses conséquences politiques et économiques n'engagent pas que la Grèce mais bien tout le continent.
Présent et avenir de la crise grecque
Au cours des dernières années, tout un récit s’est imposé pour raconter qu’après la purge austéritaire, l’économie grecque aurait retrouvé le chemin de la croissance. L’indicateur positif retenu par les autorités européennes, c’est le retour de la dette grecque sur le marché obligataire. Or, cette référence est trompeuse, car l’essentiel de la dette grecque se trouve hors marché. En effet, 70 % de la dette publique grecque est détenue par des acteurs publics avec des taux fixes bas et une maturité moyenne d’un peu moins de 20 ans.
Par ailleurs, la société grecque n’est pas parvenue à retrouver son niveau de vie avant crise, et son PIB demeure 20 % en-dessous de son pic de 2007. La liquidation de l’économie grecque, en obéissant aux mêmes modalités que celles qui a vu l’économie est-allemande disparaître, a rendu difficile les investissements nécessaires.
Lisez la suite et soutenez un média indépendant sans publicité
S’abonnerAccès illimité au site à partir de 1€
Déjà abonné ? Connectez-vous
2 commentaires
Devenez abonné !
Vous souhaitez pouvoir commenter nos articles et échanger avec notre communauté de lecteurs ? Abonnez-vous pour accéder à cette fonctionnalité.
S'abonner