Le soudain durcissement des relations diplomatiques entre la Russie et l’un de ses derniers alliés du Caucase, l’Azerbaïdjan, a été accueilli avec ravissement en Occident. Pourtant, les sujets de crispation ne manquent pas avec Bakou : Arménie, Nouvelle-Calédonie, Turquie, pétrole… Peut-être vaudrait-il mieux y réfléchir à deux fois avant de songer à un rapprochement.

publié le 05/08/2025 Par Paul Fernandez-Mateo
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Le revirement diplomatique de l’Azerbaïdjan semble avoir été brutal. Il y a encore peu de temps, après la conquête par le pays du Haut-Karabagh face à une Arménie impuissante, c’est encore la Russie qui jouait le rôle de l’arbitre entre les deux anciennes républiques soviétiques du Caucase – un rôle qu’elle jouait dans la région depuis la chute de l’URSS. Mais petit à petit, les États du Caucase expriment leur désir de se soustraire à la tutelle russe : la Géorgie depuis 2004, l’Arménie depuis 2018 ; et maintenant l’Azerbaïdjan. Ainsi, depuis quelques mois, le torchon brûle entre Bakou et Moscou.

Contrairement à ses voisins, l’Azerbaïdjan dispose de ses propres réseaux d’influence, notamment grâce à ses ressources en hydrocarbures, et d’un allié fiable et indéfectible en la personne de la Turquie. Son revirement stratégique apparaît ainsi un peu plus réaliste, même si la Russie n’a probablement pas dit son dernier mot.

Mais pourquoi maintenant ? À l’inverse de l’Arménie et de la Géorgie, l’Azerbaïdjan n’est pas une démocratie, et même les plus naïfs ne sauraient le soupçonner d’être inspiré par les « valeurs occidentales ». Aucune expression de la volonté populaire n’est à rechercher dans cette émancipation de la sphère d’influence russe. Derrière cette décision se cachent des explications stratégiques plus concrètes qu’il convient d’explorer.

Rappels concernant la situation géostratégique de l’Azerbaïdjan

Jusqu’à la déflagration de la guerre russo-ukrainienne, l’Azerbaïdjan était un État auquel l’Occident semblait songer bien peu, et qui le lui rendait bien. La région était considérée comme partie intégrante de la Perse safavide jusqu’à la conquête progressive du Caucase de l’Est par l’Empire russe, entre 1813 et 1828. La Géorgie centrale, l’Arménie actuelle et tout le territoire de l’Azerbaïdjan moderne échappent alors à la sphère d’influence perse pour entrer dans la sphère d’influence russe, dont ils ne sortiront plus avant la chute de l’URSS en 1991. Très rapidement, la Russie puis l’URSS développent l’industrie pétrolière de la région. Encore aujourd’hui, l’exploitation des hydrocarbures constitue de très loin la principale ressource du pays, représentant plus de 90 % de ses exportations.

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