Dans cet entretien inédit réalisé par Olivier Berruyer en 2013, l'ancienne Première ministre française dénonce les orientations économiques de Bruxelles et les nombreuses contradictions du projet européen.

publié le 10/04/2022 Par Olivier Berruyer
Édith Cresson : « L'Euro a été fait pour des raisons purement politiques. »

Pour accéder à la première partie de l’entretien, cliquez ICI

Édith Cresson, née en 1934, est une femme politique française, anciennement ingénieure économique diplômée de l’école de Haut enseignement commercial pour les jeunes filles (aujourd’hui fusionnée avec HEC). Elle adhère, en 1965, à la Convention des institutions républicaines, parti politique créé par François Mitterrand, puis rejoint le PS en 1971. Elle a été ministre de l’Agriculture (1981-1983) puis ministre du Commerce extérieur (1983-1986), avant d'être nommée Première ministre en 1991, devenant ainsi la première - et à ce jour la seule - femme à avoir accédé à la fonction de chef de gouvernement en France. Elle a également été Commissaire européenne à la Recherche, aux Sciences et Technologies (1995-1999).

Olivier Berruyer (Élucid) : Que pensez-vous des évolutions de la construction européenne au cours des dernières décennies ?

Édith Cresson : À la Commission européenne, lorsque j’y travaillais, la règle était de ne pas créer de politique industrielle, ni à l’échelon européen ni à l’échelon national. La doctrine défendue voulait que les prix soient tirés vers le bas. Aussi, l’Europe a interdit aux industries Pechiney d’acheter l’entreprise canadienne Alcan, sous prétexte que l’entreprise aurait grossi au point de nuire à la concurrence européenne. Il fallait être petit, pour que tout le monde se bagarre et que les prix soient tirés vers le bas.

Or, quelques années plus tard, Alcan a racheté Pechiney avec l’aide du gouvernement canadien. Cette aide, la France l’a refusée à Pechiney. Finalement, tout a été vendu au groupe australien Rio Tinto. Pour moi, c’est la signature même de ce système. Mais je n’ai entendu aucune protestation en France, alors même que l’on aurait pu se défendre. C’est l’idée selon laquelle « la concurrence favorise le consommateur » qui est à l’œuvre. Elle suppose que le consommateur ne gagne pas beaucoup et doit acheter bon marché. En pratique, cela veut dire acheter chinois...

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