États-Unis : après le fiasco afghan, la fin d’une hyperpuissance

Le départ des dernières troupes américaines déployées en Afghanistan à la fin du mois d’août dernier clôt une séquence historique de vingt années, ouverte en 2001 par les attentats du 11 septembre. Ce départ précipité, en forme d’échec sinon de défaite, met un terme à deux décennies d’interventions guerrières qui, par leurs conséquences désastreuses pour les États-Unis, ont constitué objectivement une victoire posthume pour Ben Laden beaucoup plus grande encore que celle qu’avait représenté, au commencement du désastre, la destruction du World Trade Center.

publié le 30/11/2021 Par Éric Juillot
États-Unis : Après le fiasco afghan, la fin d’une hyperpuissance

Par leur réaction à l’agression du 11-septembre, les États-Unis ont en effet sapé directement et indirectement les bases de leur domination géopolitique, au point que certains ont pu parler, à leur sujet, d’un processus d’auto-dissolution.

À la veille du 11-septembre : la jouissance paisible des charmes de l’hyperpuissance 

Au moment où se produisent les attentats du 11 septembre, les États-Unis profitent depuis dix ans du statut d’hyperpuissance à laquelle la fin de la Guerre froide leur a permis d’accéder. Leur seul rival géostratégique, l’URSS, s’est en effet effondré dix ans plus tôt, et la Russie qui lui succède, livrée à un capitalisme sauvage particulièrement destructeur, est réduite à peu de chose au titre de la puissance. La Chine, de son côté, commence à inquiéter, mais elle ne compte vraiment qu’à l’échelle régionale, en dépit de sa masse démographique et de son statut onusien.

Les années 1990 sont marquées pour les États-Unis par une relative insouciance géopolitique, une fois la Guerre du Golfe terminée. Dans le cadre du « nouvel ordre mondial » annoncé par leur président dès 1990 – ordre dont ils sont le garant -  leurs interventions militaires sont ponctuelles et limitées. Aussi n’ont-elles pas de conséquences d’ampleur lorsque, dictées par des considérations humanitaires généreuses, mais inconséquentes, elles tournent mal, à l’exemple de l’opération « Restaure Hope » en Somalie (1992-1993).

Quand l’intervention suppose un engagement plus imposant, la voie aérienne est privilégiée et les buts de guerre sont suffisamment réalistes pour être atteints en quelques semaines – comme en Ex-Yougoslavie en 1995, ou face à la Serbie en 1999 – au prix de pertes américaines insignifiantes, voire nulles.

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