La prospérité et la sécurité constituent les grandes attentes de la classe moyenne chinoise et donc les conditions de la solidité du Parti communiste chinois (PCC). Jean-Louis Rocca, professeur à Science Po et chercheur au CERI, expose les dispositions d’esprit de la population et des dirigeants de la deuxième puissance mondiale, et analyse les grands défis contemporains, internes et externes, auxquels la Chine est confrontée.
Laurent Ottavi (Élucid) : Comment la population chinoise a-t-elle accueilli la politique zéro Covid du pouvoir ?
Jean-Louis Rocca : Même les mesures les plus radicales furent assez bien acceptées au début, car elles étaient légitimées par l’idée de sauver des vies en empêchant le virus de se propager. Le nombre de morts, probablement sous-estimé par le pouvoir, ne suscitait pas non plus d’inquiétude chez les populations. Le moment de la vaccination constitua cependant un basculement. Les dirigeants restèrent fixés sur l’objectif du zéro Covid, et il y eut de nouveaux confinements, des réussis et d’autres non, dans certaines régions.
Les manifestations de novembre et décembre 2022 furent la conséquence de ces choix. Elles exprimaient le ras-le-bol d’une partie de la population contre la politique zéro Covid, et des difficultés dans le domaine de l’emploi avec la fermeture de beaucoup de petites et moyennes entreprises. À ce moment-là, le gouvernement commençait à réfléchir à sortir de l’horizon du zéro Covid, mais seulement de façon progressive étant donnés les risques de mortalité.
Élucid : En quoi la perception populaire sur ce sujet traduit-elle les attentes générales de la classe moyenne chinoise ?
Jean-Louis Rocca : Depuis la fin des années 1990, c’est-à-dire quand les taux de croissance commencèrent à atteindre des niveaux importants, les citoyens chinois ont considérablement amélioré leurs conditions de vie. Ils sont devenus propriétaires, ont acheté une voiture et ils ont pu donner une bonne éducation à leurs enfants. Ils ont maintenant des choses à défendre et ils se projettent positivement : l’appartement acheté, espèrent-ils, prendra de la valeur et le nouveau travail sera mieux que le précédent. Néanmoins, ils craignent en même temps de retomber parmi les classes populaires qui se trouvent en dehors des grandes villes (exception faite des migrants des campagnes venus en ville).
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