Amoxicilline, paracétamol, corticoïdes, vaccins, anticancéreux, antidiabétiques… Les pénuries de médicaments se sont démultipliées ces dernières années, mettant en difficulté, voire en danger, les patients qui ont besoin de traitements continus. En 2023, un tiers des Français a été confronté à une pénurie de médicaments. La situation révèle les enjeux stratégiques majeurs de souveraineté en matière de santé publique.
Pendant 20 ans, la production de médicaments s’est délocalisée et concentrée en Chine et en Inde. Dans le même temps, la demande mondiale de médicaments augmente fortement, à la fois dans les pays développés et vieillissants, mais aussi chez les BRICS, où les actifs ont de plus en plus accès aux soins. Si bien qu’aujourd’hui, la chaîne d'approvisionnement dans le secteur pharmaceutique fonctionne en flux hypertendu : il n’y a pas de stocks.
Or, en plus de l’instabilité géopolitique mondiale qui la rend ultra-vulnérable, la rude concurrence exercée entre les pays en termes de prix met la France particulièrement à mal – elle qui a choisi pendant 40 ans de tailler dans les dépenses de médicaments pour réaliser des économies budgétaires. Depuis l'électrochoc du Covid en 2020, l’État français martèle son engagement de « relocalisation » de la production des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) sur le territoire. Une stratégie qui, en plus d’être mal opérée et mal ciblée, s’avère parfaitement hypocrite sinon mensongère. Quant aux récentes amendes importantes infligées à 8 laboratoires français pour leurs manquements en matière de stocks de sécurité des médicaments essentiels, elles risquent d’être contre-productives et d’accélérer la fin pure et simple de leur commercialisation.
Tout comme dans le reste de l’Europe, et même du monde, les difficultés d'approvisionnement en médicaments prennent une ampleur déconcertante en France. En 2023, près de 5 000 signalements de ruptures de stock ou de risques de ruptures de médicaments essentiels ont été recensés par l'Agence de sécurité du médicament (ANSM). C’est un tiers de plus qu’en 2022, plus du double qu’en 2021… et six fois plus qu’en 2018.
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