Architecte de la Constitution de la Ve République, Yves Guéna revient sur son engagement dans la Résistance dès l’âge de 18 ans, sur les débuts de la France libre en Angleterre et sur les combats en Afrique, en France et en Allemagne. Dans cet entretien inédit réalisé par Olivier Berruyer en 2012, l’ancien résistant retrace l’histoire de la Constitution de 1958 et raconte comment il a participé à sa rédaction.
Ancien résistant, Yves Guéna (1922-2016) s’est engagé auprès du général de Gaulle dès 1940. Il eut une carrière politique riche et participa à la rédaction de la Constitution de la Ve République auprès du général de Gaulle et de Michel Debré. Dans les années 1960, il intégra le gouvernement en tant que ministre de l’Information puis ministre des Postes et Télécommunications. Il termina sa carrière politique au Conseil Constitutionnel, qu’il présida de 2000 à 2004.
Olivier Berruyer : M. Guéna, vous vous êtes engagé très tôt dans la Résistance, et vous êtes devenu l’un des architectes de la Constitution de la Ve République. Pouvez-vous nous raconter comment tout cela est arrivé ?
Yves Guéna : Je me suis engagé dès l’âge de 18 ans, après avoir fini mon année d’hypokhâgne. Je suis parti de la pointe du Finistère le 19 juin 1940, jour à partir duquel a commencé ma vie active, ma vie pour la France. J’ai signé dans les tout premiers jours de juillet mon engagement dans les Forces Françaises Libres (FFL) et j’ai combattu dans la 2e Brigade de la 1re Division Française Libre (DFL). Nous avons traversé la Libye, derrière Erwin Rommel. En arrivant en Tunisie — puisqu’il y avait eu le débarquement américain et anglais en Afrique du Nord et le débarquement allemand auquel les Français ne s’étaient pas opposés derrière — nous avons retrouvé le général Leclerc avant d’intégrer sa 2e Division Blindée (2e DB).
Nous avons ensuite débarqué en France dans le sud de la Bretagne à la fin du mois de juillet — puisque c’était une division blindée, elle n’allait pas débarquer le 6 juin — avec comme mission de remonter pour attaquer les Allemands par-derrière. Et lors de la libération d’Alençon, alors que j’étais debout dans mon automitrailleuse, j’ai reçu une balle dans la poitrine et je suis tombé mourant dans ma tourelle. Je me suis dit : « Je meurs ». Je dois dire que je sais ce que c’est, mourir sur le champ de bataille. Mais j’ai été très content lorsque je suis revenu à moi quelques heures plus tard.
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