L'expression « fake news » s’est imposée dans le langage médiatique et politique comme la désignation d’un danger nouveau, souvent rattaché à l’extrême droite. Une « fausse nouvelle », cela s'appelle un mensonge. Et si l'on s'en tient à la définition du dictionnaire (« affirmation contraire à la vérité faite dans l’intention de tromper »), il devient difficile d’y voir un phénomène nouveau ou périphérique. Car le mensonge, loin d’être une anomalie, est nécessaire au fonctionnement politico-marchand de notre société contemporaine.

publié le 11/08/2025 Par Mikaël Faujour
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En novembre dernier, aux très libérales « Rencontres de l'avenir » (1), Nicolas Sarkozy déclarait que les fonctionnaires de l'Éducation nationale travaillaient « vingt-quatre heures par semaine, six mois de l'année ». Et d'ajouter : « Nous n'avons pas les moyens d'avoir un million d'enseignants ». Le refrain est connu ; c'est le même que servent les libéraux de tout crin depuis des décennies. Ce type de déclaration mensongère n’a rien d'isolé : on y reconnaît une stratégie rhétorique bien rodée, reprise depuis des décennies par les défenseurs d’une austérité présentée comme pragmatique et inévitable.

Les données statistiques disent tout autre chose, renvoyant de tels propos à leur réalité de baliverne. L'enquête « Emploi du temps » réalisée par l'Insee en 2010 révélait que « les enseignants du premier degré exerçant à temps complet disent travailler en moyenne 44 heures par semaine » et que « les moins de trente ans travaillent en moyenne plus de 50 heures par semaine ». En 2018, une autre enquête révélait que la moitié des enseignants du ministère de l’Éducation nationale à temps plein déclare travailler au moins 43 heures par semaine.

Contre la commune sornette selon laquelle les professeurs seraient « toujours en vacances », celle-ci indiquait aussi que les enseignants affectés dans plusieurs établissements et les jeunes enseignants en début de carrière « déclarent également travailler au moins 41 jours pendant leurs vacances (contre 27 jours pour les 45 ans ou plus) ». Ce surtravail, souvent invisible et non rémunéré, invalide les affabulations sur le « professeur toujours en vacances ».

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