Il y a quelque chose de pourri au royaume de nos soi-disant « démocraties ». Depuis une quarantaine d'années, ces dernières se sont engagées dans un étrange processus d'abdication largement observable. Mise sur la touche d'un animateur de talk-show, croisade contre le système judiciaire américain, les États-Unis de Donald Trump inquiètent. Mais le vent de l’autoritarisme souffle aussi sur l'Europe. L’Italie de Giorgia Meloni l'illustre à merveille, mais la France d'Emmanuel Macron n’est pas en reste dans le registre des libertés publiques malmenées.
Pour comprendre la tragédie qui se trame sous nos yeux, il convient de faire un retour en arrière sur 40 ans d’évolutions qui ont pavé le chemin d'un conservatisme extrémiste soit au pouvoir, soit en voie de l’occuper. Mis bout à bout, des inquiétudes légitimes peuvent nous gagner et laissent entrevoir l’affirmation de ce que Walter Benjamin nommait « l’humanité des sombres temps ». Mais avant de plonger dans l'analyse de cette décomposition préoccupante, un retour par la sémantique peut apparaître nécessaire.
Démocratie, un mot polysémique et qui ne se laisse pas définir facilement
Vivons-nous une crise de la démocratie ? Mais sommes-nous en démocratie ? Pour répondre à ces questions, il faut bien s’entendre sur l’objet de nos préoccupations. La démocratie supporte plusieurs définitions et la définir est un enjeu en soi. Tout d’abord, elle peut être abordée de manière strictement procédurale, c’est-à-dire par l’observance de règles et de procédures (la tenue régulière d’élections, le pluralisme des partis, la sincérité des élections). Mais elle peut être aussi envisagée de manière substantielle comme un ensemble de valeurs, dont les frontons de mairie ou d’école rappellent la présence : Liberté, Égalité, Fraternité.
Pour définir plus rigoureusement la démocratie, on recourt très souvent à la définition célèbre d’Abraham Lincoln, « Le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple », mais bien peu de régimes correspondent à cette définition. En effet, le premier terme laisse entendre une unité du peuple, alors que c’est bien souvent le conflit et la dissension (pour le meilleur et pour le pire) qui le caractérisent. Quant au gouvernement par le peuple, nous vivons comme chacun le sait dans des régimes représentatifs, ce n’est donc pas le corps politique qui agit directement, mais un ensemble de représentants.
Lisez la suite et soutenez un média indépendant sans publicité
S’abonnerAccès illimité au site à partir de 1€
Déjà abonné ? Connectez-vous
2 commentaires
Devenez abonné !
Vous souhaitez pouvoir commenter nos articles et échanger avec notre communauté de lecteurs ? Abonnez-vous pour accéder à cette fonctionnalité.
S'abonner