« L’individualisme exacerbé mène notre monde à sa perte » - Jacques Delors

L’individualisme ronge nos sociétés, annihilant toute idée de solidarité. Dans cet entretien inédit réalisé par Olivier Berruyer en 2013, Jacques Delors revient sur sa responsabilité dans les dérégulations des années 1980, sur l'échec de la monnaie unique et sur le déficit démocratique en France. Il défend la nécessité de réformes institutionnelles et alerte quant à l'avenir incertain d'une société de plus en plus individualiste.

publié le 27/02/2022 Par Olivier Berruyer
Jacques Delors : « L’individualisme exacerbé mène notre monde à sa perte. »

Jacques Delors (1925-) est un homme politique français, militant de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) avant de rejoindre le Parti Socialiste. Il a été ministre de l’Économie entre 1981 et 1984 et Président de la Commission européenne de 1985 à 1995. Il participe alors à la relance de la construction européenne. Son Livre blanc de 1985 a abouti à la signature de l’Acte unique européenne en 1986, et les travaux du comité Delors, que ce dernier dirige, inspireront le volet économique et monétaire du traité de Maastricht de 1992.

Olivier Berruyer : M. Delors, quel regard portez-vous sur la crise que nous traversons ?

Jacques Delors : Selon moi, il s’agit de la conséquence d’une conjugaison du libre-échange et du marché-roi, avec le triomphe de l’individualisme. Autrement dit, c’est la combinaison d’un élément objectif qui tient aux règles de l’économie, liées au reagano-thatchérisme, et d’une exaltation exacerbée de l’individu. Cette évolution de l’économie a produit un changement dans les valeurs dominantes de la société.

Un autre facteur est celui de la mondialisation et du rôle du tiers monde qui considérait que si les pays riches continuaient ainsi, il n’était pas possible pour eux de commercer et de se développer.

O. Berruyer : Dans les années 1980, nous avons assister à une forte pression pour déréguler. La France a résisté un moment, avant de céder en 1984 avec la loi bancaire, puis en 1985-86, avec les dérégulations de Pierre Bérégovoy...

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