Lorsque les lanceurs d'alerte sur les crimes d'État sont condamnés et emprisonnés, la tyrannie gagne encore un peu plus de terrain.

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publié le 29/08/2022 Par Chris Hedges

Daniel Hale, 34 ans, ancien analyste du renseignement dans le domaine des transmissions de l'armée de l'air, purge une peine de 45 mois de prison suite à sa condamnation en vertu de la loi sur l'espionnage, et ce pour avoir divulgué des documents classifiés sur le programme d'assassinat par drone de l'armée américaine et son lourd bilan civil. Ces documents seraient à l'origine de la publication des « Drone Papers » par The Intercept, le 15 octobre 2015.

Ces documents ont révélé qu'entre janvier 2012 et février 2013, les frappes aériennes de drones des opérations spéciales américaines ont tué plus de 200 personnes dont seulement 35 étaient les cibles visées. Sur une période de cinq mois d'opérations, près de 90 % des personnes tuées par les frappes aériennes n'étaient pas les cibles visées. Les victimes civiles, généralement des passants innocents, étaient systématiquement classées comme « ennemis tués au combat ».

La terreur et le meurtre généralisé de milliers, voire de dizaines de milliers de civils, ont constitué un puissant outil de recrutement pour les talibans et les insurgés irakiens. Dans les faits, les attaques aériennes ont créé beaucoup plus de combattants hostiles qu'elles n'en ont éliminés.

Hale est actuellement détenu dans l'unité de gestion des communications (CMU), une unité spéciale qui restreint et surveille sévèrement les communications, les conversations et les visites. Face à lui, de l'autre côté du plexiglas, je tiens à l'oreille le combiné à travers lequel il me décrit son parcours, depuis la NSA et la Joint Special Operations Task Force en Afghanistan, jusqu'à devenir le prisonnier fédéral 26069-07.

Hale fait partie des quelques dizaines de personnes de conviction qui ont sacrifié leur carrière et leur liberté pour informer le public des crimes, des fraudes et des mensonges du gouvernement. Plutôt que d'enquêter sur les crimes dénoncés et de demander des comptes à ceux qui les ont commis, les deux partis au pouvoir font la guerre à tous ceux qui les dénoncent.

Ces hommes et ces femmes de conviction sont la sève du journalisme. Sans eux, colonne vertébrale du journalisme, les reporters ne peuvent pas documenter les abus de pouvoir. Le silence de la presse sur l'emprisonnement de Daniel Hale, ainsi que sur la persécution et l'emprisonnement d'autres défenseurs d'une société libre tels que Julian Assange révèle l'existence d'une myopie stupéfiante. Si nos fonctionnaires les plus importants, ceux qui ont le courage d'informer le public, continuent à être criminalisés à ce rythme, nous scellerons définitivement un monde de censure absolue où les abus et les crimes des puissants sont dissimulés dans l'obscurité.

Daniel Everette Hale; Décembre 2020 - @JesselynRadack

Barack Obama a instrumentalisé la loi sur l'espionnage pour traquer les lanceurs d'alerte qui avaient fourni des informations classifiées à la presse. En effet, au cours de sa présidence, la Maison-Blanche — dont les attaques contre les libertés civiles ont été pires que celles du temps de l'administration Bush — a utilisé la loi de 1917, conçue pour poursuivre les espions, contre huit personnes ayant divulgué des informations aux médias dont Julian Assange — bien qu'il ne soit pas citoyen américain et que WikiLeaks ne soit pas une publication domiciliée aux États-Unis — ainsi qu'Edward Snowden, Thomas Drake, Chelsea Manning, Jeffrey Sterling et John Kiriakou, qui a passé deux ans et demi en prison pour avoir révélé la torture systématique de suspects détenus dans des sites secrets.  

Toujours en vertu de la loi sur l'espionnage, le 13 juillet 2022, Joshua Schulte, un ancien ingénieur en logiciel de la CIA, a été reconnu coupable de la fuite dite Vault 7, publiée par WikiLeaks en 2017, qui a révélé comment la CIA a piraté des smartphones Apple et Android et transformé des téléviseurs connectés à Internet en dispositifs d'écoute. Schutle encourt jusqu'à 80 ans de prison.

Obama a plus utilisé la loi sur l'espionnage contre ceux qui fournissaient des informations aux médias que toutes les administrations précédentes réunies. Il a créé un précédent juridique terrifiant, assimilant le fait d'informer le public à de l'espionnage pour une puissance hostile. J'ai publié des documents classifiés lorsque j'étais journaliste au New York Times, mais nous approchons rapidement du jour où la simple possession de ces documents, ainsi que leur publication, seront illégales, comme c'est déjà le cas au Royaume-Uni. Il n'y a qu'un pas entre la traque des lanceurs d'alerte et l'emprisonnement ou le meurtre de journalistes, comme Jamal Khashoggi au consulat saoudien d'Istanbul en 2018. Alors qu'Assange était réfugié à l'ambassade d'Équateur à Londres, n'oublions pas que la CIA a envisagé son enlèvement et son assassinat après la publication des documents Vault 7.

La loi sur l'espionnage a déjà été utilisée à mauvais escient par le passé. Le président Woodrow Wilson s'en est servi pour jeter en prison des socialistes, dont Eugene V. Debs, qui s'opposaient à la participation de l'Amérique à la Première Guerre mondiale. Mais ce n'est que sous l'administration Obama que la presse en a été systématiquement victime.

Dans le cadre des activités de surveillance généralisée menées par le gouvernement — au sujet desquelles de nombreuses personnes inculpées en vertu de la loi sur l'espionnage ont tenté d'alerter le public — les journalistes sont également à compter parmi les victimes. La surveillance de la presse, ainsi que de ceux qui tentent d'informer le public en fournissant des informations aux reporters, a largement mis fin aux enquêtes sur les mécanismes du pouvoir. Le prix à payer pour dire la vérité est trop élevé.

Hale, formé dans l'armée comme linguiste en mandarin, a ressenti un certain malaise dès qu'il a commencé à travailler dans le cadre du programme secret des drones. « J'avais besoin d'un salaire », dit-il en parlant de son travail dans l'armée de l'air et plus tard comme entrepreneur privé dans le programme de drones, « J'étais sans abri. Je n'avais nulle part où aller. Pourtant je savais que ce n'était pas bien ».

Alors qu'il était en poste à Fort Bragg, en Caroline du Nord, il a pris une semaine de congé en octobre 2011 pour camper dans le parc Zuccotti de New York pendant le mouvement Occupy Wall Street. Il était en uniforme un acte réellement courageux pour une personne en service actif et brandissait une pancarte sur laquelle on pouvait lire « Libérez Manning » :

« J'ai dormi dans le parc. J'étais là le lendemain matin quand le maire a décidé de dégager les occupants. J'étais aux côtés de milliers de manifestants et de syndicalistes. La police a fait marche arrière. J'ai appris plus tard qu'au même moment, Obama avait ordonné une attaque par drone au Yémen, pour éliminer le fils de 16 ans du religieux radicalisé Anwar al-Awlaki, lui-même tué par une attaque de drone deux semaines plus tôt. »

Quelques mois plus tard, Daniel Hale a été affecté à la base aérienne de Bagram, en Afghanistan. Il a décrit son travail dans une lettre adressée au juge :

« La première fois que j'ai été témoin d'une frappe de drone, c'était quelques jours après mon arrivée en Afghanistan. J'étais chargé de localiser l'emplacement géographique d'appareils de téléphonie cellulaire censés être en possession de soi-disant combattants ennemis. Ce matin-là, avant l'aube, un groupe d'hommes s'était rassemblé dans les montagnes de la province de Patika autour d'un feu de camp, ils portaient des armes et préparaient du thé. Parmi eux se trouvait un membre présumé des talibans, trahi par l'appareil cellulaire ciblé qu'il avait dans sa poche.

Quant aux autres individus, le fait d'être armés, d'avoir l'âge d'être militaire et d'être assis en présence d'un combattant ennemi présumé constituait une preuve suffisante pour les placer également sous surveillance. Bien qu'ils se soient rassemblés de manière pacifique et qu'ils n'aient représenté aucune menace, le destin de ces hommes qui étaient simplement en train de boire du thé était pratiquement scellé. Je ne pouvais que rester là, assis, regardant mon écran d'ordinateur, quand une soudaine et terrible rafale de missiles de feu de l'enfer s'est déclenchée, éclaboussant de tripes cristallines violettes le flanc de la montagne dans le petit matin.

Depuis lors et jusqu'à aujourd'hui, je continue de revivre plusieurs scènes de violence graphique exécutées depuis le confort froid d'un fauteuil d'ordinateur. Il ne se passe pas un jour sans que je m'interroge sur la légitimité de mes actes. Comment peut-on considérer comme honorable le fait de guetter en permanence une nouvelle occasion de tuer des personnes qui ne se doutent de rien, qui, le plus souvent, ne représentent aucun danger pour moi ou pour quelque personne que ce soit à ce moment-là ?

Sans parler de ce qui est honorable, comment une personne sensée a-t-elle pu continuer de croire que la protection des États-Unis d'Amérique exigeait une présence en Afghanistan, ainsi que l'assassinat de personnes dont aucune n'était responsable des attaques du 11 septembre contre notre nation ? Malgré cela, en 2012, une année entière après la disparition d'Oussama ben Laden au Pakistan, j'ai participé à la mise à mort de jeunes hommes égarés qui n'étaient que des enfants le jour du 11 septembre. »

Après avoir quitté l'armée de l'air, entre décembre 2013 et août 2014, Hale a travaillé pour l'entreprise privée de défense National Geospatial-Intelligence Agency en tant qu'analyste en géographie politique. « Je gagnais 80 000 dollars par an », me dit-il dans le combiné.

Mais inspiré par le militant pacifiste David Dellinger, Hale a décidé de devenir un traître à « l'American way of death ». Il était décidé à faire amende honorable pour sa complicité de meurtres, même au prix de sa liberté. Il a ainsi divulgué 17 documents classifiés qui révélaient le nombre élevé de victimes civiles dues aux frappes de drones, et est devenu un fervent et éminent détracteur de ce programme militaire.

Inculpé en vertu de la loi sur l'espionnage, Daniel Hale n'a pas été autorisé à expliquer ses motivations à la cour. Il lui a également été interdit de fournir des preuves quant au grand nombre de non-combattants (y compris des enfants) tués ou blessés par le programme d'assassinat par drone.

« Les preuves relatives à l'opinion de l'accusé concernant les programmes militaires et de renseignement détourneraient inutilement le jury de la question de savoir s'il a illégalement conservé et transmis des documents classifiés, et transformeraient ainsi le procès en une enquête au sujet des programmes militaires et de renseignement des États-Unis », ont déclaré les avocats du gouvernement dans une motion lors du procès de Hale.

« Il se peut que le prévenu souhaite que son procès pénal devienne un forum consacré à autre chose qu'à sa culpabilité, mais ces débats ne peuvent pas éclairer et n'éclairent pas les questions centrales de cette affaire : le prévenu a-t-il illégalement conservé et transféré les documents qu'il a volés ? », indique encore la motion du gouvernement.

Pig and Whistle - @Mr. Fish

Les drones tirent souvent des missiles Hellfire équipés d'une ogive explosive pesant environ 20 livres. Une variante du Hellfire, connue sous le nom de R9X, porte une ogive inerte. Au lieu d'exploser, elle projette environ 45 kg de métal pouvant traverser un véhicule. L'autre caractéristique de ce missile est qu'il est équipé de six longues lames qui se déploient quelques secondes avant l'impact, déchiquetant tout ce qui se trouve devant lui, y compris les personnes.

Les drones planent 24 heures sur 24 dans le ciel de pays comme l'Irak, la Somalie, le Yémen, le Pakistan, la Syrie et, avant notre défaite, l'Afghanistan. Commandés à plusieurs milliers de kilomètres de distance depuis des bases de l'armée de l'air situées notamment au Nevada, les drones tirent des munitions qui détruisent instantanément et sans avertissement des maisons et des véhicules ou des vies humaines. À plusieurs reprises, Hale a entendu de jeunes opérateurs de drones plaisanter avant de tirer, assimilant les enfants victimes d'attaques de drones à des « terroristes miniatures ».

Ceux qui survivent aux frappes de drones sont souvent sévèrement mutilés, perdant des membres, souffrant de graves brûlures et de blessures par éclats d'obus, et perdant la vue et l'ouïe. Lors de son jugement le 27 juillet 2021, Daniel Hale a déclaré :

« Comme l'a dit un opérateur de drone, vous arrive-t-il de marcher sur des fourmis et de ne plus y penser l'instant d'après ? C'est comme cela qu'on nous demande de considérer nos cibles. Nous devons partir du principe qu'ils le méritaient, qu'ils avaient choisi leur camp. Il faut donc annihiler une partie de votre conscience pour pouvoir continuer votre travail ignorant la voix intérieure qui vous dit que ce que vous faites n'est pas bien. Moi aussi, j'ai ignoré cette voix intérieure en continuant à marcher aveuglément dans l'abîme. Et lorsque je me suis retrouvé au bord du gouffre, prêt à abandonner, une voix m'a dit : Toi qui étais un chasseur d'hommes, tu ne l'es plus. Maintenant, va de l'avant, de sorte que d'autres puissent connaître la vérité. »

Paradoxalement, c'est l'élection d'Obama qui a incité Hale à s'engager dans l'armée de l'air. « Je pensais que le candidat Obama, opposé à la guerre en Irak pendant sa campagne, mettrait fin aux guerres et à l'anarchie de l'administration Bush », me dit-il.

Cependant, quelques semaines après le début de son mandat, Obama a approuvé le déploiement de 17 000 soldats supplémentaires en Afghanistan, alors que 36 000 soldats américains et 32 000 soldats de l'OTAN y étaient déjà déployés. À la fin de cette année-là, Obama a encore augmenté de 30 000 le nombre de militaires en Afghanistan, doublant les pertes américaines. Il a également développé massivement le programme de drones, faisant passer le nombre de frappes de quelques dizaines l'année précédant son entrée en fonction à 117 au cours de sa deuxième année de mandat. Lorsqu'il a quitté ses fonctions, Obama avait orchestré 563 frappes de drones responsables de la mort d'environ 3 797 personnes, dont de nombreux civils.

Obama a autorisé les « signatures strikes », qui permettent à la CIA de mener des attaques de drones contre des groupes de militants présumés, sans avoir à obtenir une quelconque identification. Son administration a approuvé les frappes de « suivi » ou « double frappe », qui ciblent toute personne portant assistance à une victime d'une précédente frappe de drone. Le Bureau des journalistes d'investigation a rapporté en 2012 qu'au cours des trois premières années du mandat d'Obama, « au moins 50 civils ont été tués dans des frappes de suivi alors qu'ils n'étaient là que pour aider les victimes ». Obama a élargi le champ d'action du programme de drones au Pakistan, à la Somalie et au Yémen, et a établi des bases de drones en Arabie saoudite et en Turquie.

L'existence du Terrorist Identities Datamart Environment (TIDE) n'est pas classifiée, et pourtant, les détails de son fonctionnement au sein de notre gouvernement sont totalement inconnus du public. Ce fichier de données ne comporte pas seulement les noms, dates de naissance et autres informations d'identification des cibles potentielles, on y trouve aussi les dossiers médicaux, les relevés de notes, les données des passeports, les numéros de plaque d'immatriculation, les adresses électroniques, les numéros de téléphone portable, les numéros de compte bancaire, la liste des achats, ainsi que d'autres informations sensibles, y compris des photographies permettant une identification via un logiciel de reconnaissance faciale.

Les données des suspects sont collectées et centralisées par l'alliance du renseignement formée entre l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et les États-Unis, plus connue sous le nom de Five Eyes. Chaque individu figurant sur la liste se voit attribuer un numéro personnel. Selon les documents classifiés révélés par Daniel Hale, sur les plus d'un million d'entrées de la base de données TIDE, on dénombre environ 21 000 citoyens américains.

Les drones, dit-il, rendent le meurtre à distance « facile et pratique ». Dans le documentaire National Bird un film sur les lanceurs d'alerte du programme de drones ayant souffert de préjudice moral et de syndrome post-traumatique Daniel déclare :

« Lorsque le président des États-Unis se tient debout face à la nation, et qu'il affirme que tout sera fait pour éviter les pertes civiles, il prononce ces mots uniquement parce qu'il ne peut pas dire le contraire. Mais ce n'est qu'après le largage de telle ou telle munition que l'on peut connaître l'étendue réelle des dégâts. […]

Les personnes favorables aux drones qui défendent la façon dont ils sont utilisés affirment qu'ils protègent la vie des Américains dans la mesure où ils ne les mettent pas en danger. Mais si le hasard fait qu'ils ne tuent pas la personne ciblée, ou que d'autres personnes extérieures sont également tuées dans la frappe, cela n'a aucune conséquence. Tant qu'ils peuvent identifier que toutes les personnes sont des hommes en âge de combattre, c'est-à-dire toute personne de 16 ans ou plus, alors il s'agit bien de cibles légitimes. Dès lors, si la frappe les tue tous, le rapport dira simplement que toutes les cibles ont bien été éliminées. »

En 2019, l'administration Trump a inculpé Daniel Hale pour violations de la loi sur l'espionnage et vol de biens gouvernementaux. Dans le cadre d'un accord de négociation de peine, il a plaidé coupable pour un des chefs d'accusation de violation de la loi sur l'espionnage. Lors de sa condamnation, Hale a déclaré :

« Il semblerait que je sois ici aujourd'hui pour répondre du crime de vol de documents, pour lequel je m'attends à passer une partie de ma vie en prison. Mais en réalité, je suis ici pour avoir volé quelque chose qui ne m'appartenait pas de prendre : de précieuses vies humaines. Pour cela, j'ai été bien indemnisé et j'ai reçu une médaille. […] Ma décision de partager avec le public des informations classifiées sur le programme de drones fut un geste conscient et réfléchi. J'ai agi, non pas pour le plaisir d'une auto-glorification, mais pour pouvoir un jour demander humblement pardon. »

Je connais quelques Daniel Hale. Ils ont rendu possible mes reportages les plus importants. Ils ont permis aux vérités d'être dites. Ils ont tenu les puissants pour responsables. Ils ont donné une voix aux victimes. Ils ont informé le public. Ils ont fait appel à l'État de droit.

Je suis assis en face de Hale et je me demande si c'est la fin, si lui, et d'autres comme lui, seront complètement réduits au silence. L'emprisonnement de Daniel Hale est un microcosme du vaste goulag qui se construit pour nous…

Texte traduit et reproduit avec l'autorisation de Chris Hedges
Source : Scheerpost - 01/08/2022