Quels sont les impensés d'Ernest Renan et que reste-t-il du sentiment national en France ?
Après avoir exploré, dans un premier article, les origines et le sens de la nation, il est temps d’identifier certains des impensés d’Ernest Renan dans sa célèbre conférence de 1882. Il sera alors possible de mesurer ce qui reste du sentiment national en France et d’en tirer quelques implications pour l’avenir.
Ernest Renan passe un peu vite sur certains éléments qui semblent importants dans la constitution ou la pérennisation d’une nation, voire les exclut totalement. Ils sont inégalement décisifs selon les cas, ce qui fait toute la difficulté de l’entreprise.
La géographie, d’abord. Un corps historique ne s’enracine pas seulement dans le temps, mais aussi dans l’espace. Certes, les territoires et les frontières changent ; ils ne sont pas non plus nécessairement une réalité, mais parfois de l’ordre de la représentation d’une ambition (l’Ouest américain), d’une restauration (rendre à la France ses frontières naturelles comme Rome avait ses sept collines) ou encore d’une revanche (l’Alsace-Lorraine). Réels ou imaginaires, les territoires et les frontières n’en délimitent pas moins des contours sans lesquels il est impossible, à hauteur d’homme, de distinguer un être propre.
L’intérêt de la géographie se mesure aussi à toute autre chose. Les paysages, les reliefs, les climats imprègnent de façon indélébile les esprits, les âmes et les cœurs. Rousseau jugeait déjà qu’une nation particulière n’est pas « unie de mœurs et de caractère » par des règlements et des lois, mais par « le même genre de vie et d’aliments, et par l’influence commune du climat ».
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