Hausse du tarif des péages et profits records de Vinci : la goutte de trop ?

Au mois de janvier, le Canard enchaîné a révélé l’existence d’un rapport de l’Inspection des Finances commandé par Bruno Le Maire sur les péages autoroutiers, faisant état de profits vertigineux et se proposant, notamment, de diminuer de près de 60 % leur tarif.

publié le 08/03/2023 Par Camille Musikian
Hausse du tarif des péages et profits records de Vinci : la goutte de trop ?

Alors que le tarif des péages autoroutiers a connu une hausse historique de 4,75 % au mois de février – la plus forte jamais enregistrée –, l’un des principaux groupes concessionnaires autoroutiers français, Vinci, annonçait au même moment un bénéfice net de 4,26 milliards d’euros en 2022. La rentabilité excessive de ces sociétés est pourtant pointée du doigt depuis de nombreuses années.

Une véritable rente autoroutière

En 2006, la privatisation des autoroutes a rapporté 14,8 milliards d’euros à l’État tout en le déchargeant des 16,8 milliards d’euros de dette des sociétés concessionnaires des autoroutes (SCA), créées entre les années 1950 et 1970, dont il était jusque-là propriétaire. Il s'agissait d'un prix finalement peu élevé au regard de la demande, selon le rapport de la commission d’enquête du Sénat sur la privatisation des autoroutes, qui a mené ses travaux entre 2019 et 2020.

La perception du péage par les SCA est la contrepartie à la construction, l’entretien et l’exploitation du réseau. L’évolution du tarif du péage est fixée selon le taux de l’inflation et des investissements complémentaires non prévus dans le contrat de concession. Depuis 2006, ce tarif n’a cessé d’augmenter : en 2019, une proposition de loi visant à renationaliser les autoroutes notait déjà qu’il avait progressé de plus de 20 % en vingt ans, contre une hausse de l’inflation à 10 %. Ces chiffres avaient poussé l’Autorité de la concurrence, dès 2014, à parler d’une véritable « rente autoroutière », et à appeler à la fixation d’une nouvelle formule d’indexation du tarif des péages, par exemple sur les coûts et les trafics, ainsi qu’une clause de réinvestissement et de partage des bénéfices.

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